
UEMOA : Les banques respirent mieux, la liquidité se raffermit au deuxième trimestre 2025.
Après plusieurs mois de tension, la liquidité bancaire au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) s’est sensiblement améliorée au deuxième trimestre 2025.
Selon les données provisoires de la BCEAO, les banques de la région ont bénéficié d’un afflux de ressources, en lien avec la détente monétaire, la reprise partielle des dépôts publics et une meilleure gestion des opérations du Trésor.
Une reprise portée par la BCEAO et les États
La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a maintenu une politique monétaire accommodante, facilitant l’accès au refinancement et soutenant la stabilité du système bancaire.
D’après le rapport sur la politique monétaire de juin 2025, la BCEAO a renforcé son soutien au secteur bancaire à travers une hausse du volume des refinancements et des opérations de liquidité à plus long terme, permettant aux établissements de crédit de mieux financer l’économie réelle.
Les dépôts des États auprès des banques commerciales se sont également accrus, grâce à l’émission réussie de plusieurs emprunts obligataires régionaux, notamment par le Sénégal et la Côte d’Ivoire. Ces ressources nouvelles ont contribué à fluidifier le marché interbancaire, longtemps marqué par des tensions sur les taux.
Des indicateurs en amélioration
Même si les chiffres varient selon les pays, la tendance est claire : le solde net de liquidité des banques s’est redressé de manière notable entre avril et juin 2025.
La BCEAO évoque une “amélioration générale des conditions monétaires”, traduisant un recul du recours des banques au guichet d’urgence et une baisse moyenne des taux interbancaires à court terme.
Les économistes estiment qu’au total, la liquidité disponible a progressé de plusieurs centaines de milliards FCFA, traduisant un retour de confiance et un allègement des contraintes de financement. Cette embellie reste toutefois fragile, car elle dépend étroitement du comportement budgétaire des États et de la stabilité politique régionale.
Un contexte macroéconomique contrasté
Cette reprise intervient dans un environnement toujours incertain.
L’activité économique régionale ralentit légèrement, sous l’effet combiné de la baisse des cours de certaines matières premières et des tensions géopolitiques persistantes au Sahel. Cependant, la résilience du secteur bancaire, dopée par des fondamentaux solides et une supervision plus rigoureuse, continue de jouer un rôle stabilisateur pour l’économie régionale.
Et maintenant ?
Pour les experts, le défi des prochains mois sera de transformer cette liquidité retrouvée en crédit productif, notamment vers les PME, encore trop souvent exclues du financement bancaire classique.
La BCEAO devrait poursuivre sa politique prudente de soutien à la liquidité tout en surveillant de près les risques inflationnistes.
“Le système bancaire ouest-africain démontre une nouvelle fois sa capacité à s’adapter. Mais la vraie victoire viendra quand cette liquidité atteindra le tissu productif”, souligne un économiste du Policy Center for the New South.
L’Union monétaire ouest-africaine souffle donc un peu, mais pas de triomphalisme : la bataille de la liquidité est gagnée, celle du financement inclusif ne fait que commencer.
La Rédaction