
UEMOA : La balance des paiements garde le cap de l’excédent, malgré un contexte mondial incertain.
Alors que de nombreuses régions du monde affrontent des déséquilibres commerciaux persistants, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) fait figure d’exception. Selon les dernières données de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la zone a enregistré un excédent global de 1 176,2 milliards FCFA au premier trimestre 2025, confirmant une tendance positive amorcée en 2024.
Des réserves de change renforcées et une position extérieure solide
Cet excédent s’explique principalement par le renforcement des réserves extérieures de la BCEAO, alimentées par de meilleures performances des exportations et une stabilité relative des transferts des diasporas.
L’année 2024 s’était déjà clôturée sur un solde excédentaire de plus de 3 013 milliards FCFA, selon les estimations de l’Agence Ecofin, une progression spectaculaire de plus de 40 % des réserves de change par rapport à 2023.
Les premiers mois de 2025 confirment donc la dynamique d’amélioration, avec une balance des paiements globale excédentaire sur fond de croissance modérée du commerce intra-régional et d’un flux constant d’investissements directs étrangers.
Les moteurs de l’excédent : exportations agricoles, transferts privés et financements publics
L’UEMOA, forte de ses huit pays membres, a profité de la hausse des cours du coton, du cacao et de l’or, principaux produits d’exportation régionaux.
Les transferts de la diaspora – véritable bouée de stabilité économique – ont également soutenu le solde courant, représentant environ 6 % du PIB régional.
À cela s’ajoute une meilleure gestion des flux de capitaux publics et la confiance accrue des institutions financières partenaires, telles que la BOAD ou la BAD, qui ont multiplié les lignes de financement en faveur des infrastructures et de l’énergie.
Mais un équilibre encore fragile
Si la trajectoire actuelle est encourageante, elle demeure fragile. Les pressions inflationnistes mondiales, la hausse du coût des importations alimentaires et énergétiques, ainsi que la baisse de la demande mondiale pèsent sur les comptes extérieurs de la région.
Certains pays comme le Niger et le Burkina Faso, encore marqués par des tensions sécuritaires, affichent des déficits courants persistants, partiellement compensés par les performances d’autres économies plus stables comme la Côte d’Ivoire ou le Sénégal.
Les analystes économiques appellent donc à diversifier davantage les exportations et à renforcer l’intégration financière au sein de la zone pour consolider durablement cette performance.
Une gestion macroéconomique saluée
Les institutions partenaires, dont le FMI et la Banque mondiale, soulignent la résilience du cadre macroéconomique de l’UEMOA.
La rigueur de la politique monétaire de la BCEAO, combinée à une discipline budgétaire renforcée, a permis de contenir les déséquilibres et de restaurer la confiance des investisseurs.
Cette solidité a d’ailleurs contribué à maintenir la stabilité du franc CFA et à soutenir les opérations de financement sur le marché régional des titres publics, de plus en plus attractif.
Un signal positif, mais à consolider
En somme, la bonne santé de la balance des paiements de l’UEMOA témoigne d’une gestion économique prudente mais efficace.
Cependant, la région ne doit pas s’endormir sur ses lauriers : les défis structurels demeurent, entre faible diversification, infrastructures logistiques limitées et vulnérabilité aux chocs extérieurs.
La tendance actuelle, si elle se poursuit, pourrait toutefois positionner l’UEMOA comme un pôle de stabilité macroéconomique majeur en Afrique subsaharienne.
La Rédaction