
UEMOA : La balance commerciale reste déficitaire malgré la bonne tenue des exportations à mi-2025.
Malgré la vigueur de son économie et la hausse des exportations de matières premières, la balance commerciale de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) demeure déficitaire à fin juin 2025.
C’est ce qui ressort de la note de conjoncture publiée par la BCEAO en août 2025, qui dresse un tableau contrasté d’une union monétaire en croissance solide, mais encore dépendante des importations.
Une économie en croissance, tirée par les exportations agricoles et minières
Sur le premier semestre 2025, le commerce extérieur de l’UEMOA a été marqué par une hausse notable des exportations de produits agricoles et miniers.
Les cours favorables du coton, de l’or, du cacao et du pétrole brut ont soutenu les revenus à l’exportation, permettant à plusieurs pays de l’Union (notamment la Côte d’Ivoire, le Mali et le Niger) d’afficher de bonnes performances commerciales.
La valeur totale des exportations de l’UEMOA est en hausse de plus de 8 % sur un an, selon la BCEAO.
Mais cette embellie n’a pas suffi à inverser la tendance structurelle : le déficit commercial de la zone demeure significatif, du fait d’une forte dépendance aux importations industrielles, énergétiques et alimentaires.
Un déficit structurel qui s’explique par la dépendance aux importations
L’Union, composée de huit pays partageant le franc CFA, importe encore massivement des produits pétroliers raffinés, machines, véhicules, produits alimentaires et intrants agricoles.
Cette dépendance pèse lourdement sur la balance commerciale, d’autant que la consommation intérieure reste soutenue par la croissance démographique et la reprise post-pandémie.
Selon la BCEAO, le déficit commercial global de l’UEMOA à fin juin 2025 atteindrait plus de 3 000 milliards FCFA, contre environ 3 500 milliards FCFA sur la même période de 2024.
Autrement dit, le déficit se réduit légèrement, mais la zone reste importatrice nette.
Des disparités selon les pays membres
Tous les États membres ne sont pas logés à la même enseigne.
- La Côte d’Ivoire, première économie de l’Union, tire les exportations régionales grâce au cacao, au caoutchouc et à l’or, affichant un excédent partiel.
- Le Mali et le Burkina Faso profitent de la hausse des cours de l’or, principal moteur de leurs exportations.
- En revanche, le Sénégal, le Bénin et le Togo subissent la flambée des importations de produits énergétiques et alimentaires, aggravant leur déficit commercial.
L’ensemble reste donc déséquilibré : les excédents des pays exportateurs de matières premières ne compensent pas les déficits structurels des pays importateurs de biens manufacturés.
Les perspectives à court terme : vers un rééquilibrage progressif
La BCEAO anticipe une amélioration progressive de la balance commerciale d’ici la fin de 2025, portée par :
- la hausse continue des exportations minières et agricoles ;
- la modération des prix internationaux de l’énergie ;
- et la stabilisation du franc CFA face aux grandes devises.
Si ces facteurs se confirment, l’Union pourrait réduire son déficit commercial sous la barre des 5 % du PIB, une première depuis 2018.
Mais pour atteindre un équilibre durable, les économistes de la BCEAO insistent sur la nécessité d’industrialiser davantage la sous-région, afin de transformer localement les matières premières au lieu de les exporter à l’état brut.
La photographie à mi-2025 montre une UEMOA dynamique, portée par des performances sectorielles solides mais toujours pénalisée par sa dépendance extérieure.
Le déficit commercial recule, certes, mais il traduit encore la fragilité d’un modèle centré sur l’exportation de produits primaires et l’importation de biens manufacturés.
Pour inverser durablement la tendance, l’Union devra accélérer sa mutation industrielle et renforcer l’intégration régionale, afin de bâtir une économie plus résiliente, compétitive et souveraine.
La Rédaction