
UEMOA : Côte d’Ivoire, Bénin et Sénégal en tête des systèmes bancaires les plus solides.
La stabilité financière régionale se consolide malgré des disparités persistantes entre les huit pays membres
Les banques de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont, dans l’ensemble, montré une solide résilience au premier semestre 2025. Selon les derniers rapports de la Commission bancaire de l’UMOA et de la BCEAO, le secteur affiche un ratio moyen de solvabilité de 14,7 %, bien supérieur à la norme réglementaire fixée à 11,5 %. Cependant, derrière cette moyenne encourageante, de fortes disparités se dessinent entre les pays.
Les champions de la solidité : Côte d’Ivoire, Bénin et Sénégal
La Côte d’Ivoire s’impose, sans surprise, comme le pilier du secteur bancaire régional. Ses établissements de crédit présentent un faible taux de créances douteuses — autour de 6 % — et des niveaux de provisionnement confortables. Le pays bénéficie de la présence d’acteurs internationaux bien capitalisés, comme Société Générale, Ecobank ou encore NSIA Banque, qui renforcent la stabilité du système.
Le Bénin, souvent plus discret, se distingue par la rigueur de ses établissements : le taux de créances non performantes y tourne autour de 4 %, l’un des plus faibles de la région. Les banques béninoises respectent également l’ensemble des normes prudentielles fixées par la BCEAO.
Quant au Sénégal, il reste une valeur sûre avec des ratios globalement solides, bien que certains signaux de vigilance apparaissent sur la qualité du portefeuille de crédits, en lien avec le ralentissement de certains secteurs économiques (immobilier et commerce notamment).
Des zones de fragilité : Niger, Mali et Guinée-Bissau sous pression
À l’inverse, le Niger et la Guinée-Bissau figurent parmi les pays les plus exposés. Les créances douteuses y représentent jusqu’à un quart des portefeuilles de crédit — un niveau préoccupant. Selon la BCEAO, le Niger affiche un taux de créances non performantes de 26,8 %, avec un taux de couverture à peine supérieur à 50 %.
Au Mali, la situation est plus contrastée. La plupart des banques respectent encore les normes de fonds propres exigées, mais certaines institutions montrent des signes de tension sur la liquidité. Les difficultés économiques et la contraction du commerce extérieur pèsent sur la qualité des prêts.
Ces écarts rappellent que la santé financière du secteur bancaire reste étroitement liée à la stabilité macroéconomique et politique de chaque pays.
Une Union globalement solide, mais vigilante
Malgré les disparités nationales, la Commission bancaire souligne la robustesse du système régional : la majorité des banques de l’Union respectent les ratios de solvabilité et de liquidité. Le secteur bénéficie également d’un renforcement de la supervision prudentielle et d’une meilleure gestion des risques depuis la mise en œuvre des normes Bâle II et Bâle III adaptées à l’UEMOA.
Les autorités monétaires appellent néanmoins à la prudence : la hausse du coût du crédit et la pression sur la rentabilité bancaire pourraient fragiliser certaines institutions de taille moyenne, particulièrement dans les pays enclavés.
Une consolidation en vue ?
Les experts s’attendent à une nouvelle vague de consolidation dans le secteur bancaire ouest-africain. Les banques les plus capitalisées devraient absorber ou fusionner avec des acteurs plus petits, dans une logique d’efficacité et de conformité réglementaire.
Cette dynamique, déjà amorcée en Côte d’Ivoire et au Sénégal, pourrait s’étendre à d’autres marchés comme le Mali et le Burkina Faso, où plusieurs établissements cherchent de nouveaux partenaires financiers.
Le système bancaire de l’UEMOA reste globalement sain et bien capitalisé, un atout majeur dans un contexte mondial marqué par l’incertitude. Toutefois, les disparités entre pays rappellent la nécessité d’une intégration financière plus approfondie et d’un accompagnement renforcé des économies les plus vulnérables.
La solidité d’une union se mesure à la force de son maillon le plus faible — et l’UEMOA n’échappe pas à la règle.
La Rédaction