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Sénégal : Un besoin colossal de 6 075 milliards FCFA pour boucler le budget 2026.

L’État sénégalais se prépare à une année budgétaire d’envergure. Selon le projet de loi de finances 2026, le pays devra mobiliser près de 6 075,2 milliards de FCFA pour financer ses engagements, amortir sa dette et soutenir les grands chantiers publics. Une somme vertigineuse, reflet d’un équilibre budgétaire sous tension mais aussi d’une stratégie assumée de continuité économique.


Un budget ambitieux dans un contexte exigeant

Le projet de budget 2026 du Sénégal s’inscrit dans la dynamique d’un État en transformation, confronté à des défis multiples : dette croissante, besoins sociaux pressants et impératifs d’investissements massifs.
Selon le ministère des Finances, le besoin total de financement est estimé à 6 075,2 milliards de FCFA, en hausse notable par rapport à l’année précédente.

Une ventilation détaillée permet de mieux comprendre la structure de ce besoin :

  • 4 307,4 milliards FCFA pour l’amortissement de la dette, soit plus de 70 % du total,
  • 1 245,1 milliards FCFA pour le déficit budgétaire global,
  • 300 milliards FCFA pour l’apurement des arriérés intérieurs,
  • 172,8 milliards FCFA pour les emprunts rétrocédés,
  • et 50 milliards FCFA pour le déficit OPEX.

Autrement dit, la majeure partie des efforts financiers de l’État vise à rembourser des dettes anciennes et stabiliser les comptes publics avant d’investir davantage.


Des financements à rechercher sur les marchés et auprès des partenaires

Pour couvrir ces besoins, le Sénégal mise sur une combinaison de ressources :

  • 4 692,6 milliards FCFA issus d’emprunts programmatiques ou sur les marchés financiers,
  • 1 209,8 milliards FCFA provenant d’emprunts projets (souvent liés à des infrastructures et programmes de développement),
  • et 172,8 milliards FCFA d’emprunts rétrocédés.

Les institutions partenaires — Banque mondiale, BAD, BEI ou encore bailleurs bilatéraux — devraient être sollicitées pour ces financements, tandis que le Trésor sénégalais continuera à recourir à la BRVM et au marché régional pour les émissions obligataires.


Une dette sous contrôle, mais à surveiller

Si la structure du budget montre une dépendance élevée à la dette, les autorités assurent que la trajectoire d’endettement reste maîtrisée.
Le ratio dette/PIB, situé autour de 68 %, devrait progressivement baisser grâce à la montée en puissance des recettes fiscales, à la rationalisation des dépenses publiques et à la croissance soutenue attendue en 2026, tirée notamment par l’entrée en production pétrolière et gazière.

Cependant, plusieurs économistes appellent à la prudence : « L’équilibre reste fragile. Tant que la majeure partie des ressources sert à rembourser la dette plutôt qu’à investir, le pays avance avec un sac à dos chargé », résume un analyste financier à Dakar.


Une équation à résoudre entre ambition et soutenabilité

Entre consolidation budgétaire et maintien du rythme de développement, le Sénégal joue une partition complexe.
Les marges de manœuvre financières se réduisent, mais la volonté politique de poursuivre les grands projets d’infrastructures — énergie, transport, santé, éducation — demeure intacte.

2026 pourrait ainsi être une année décisive : celle où le pays confirmera sa capacité à gérer sa dette tout en poursuivant sa marche vers l’émergence.

Le Sénégal ne manque pas de souffle, mais la respiration budgétaire se fait courte. Pour tenir la cadence, il faudra non seulement emprunter intelligemment, mais surtout investir utilement. Car dans la course vers l’émergence, la dette n’est pas un fardeau… tant qu’elle reste un levier.

La Rédaction

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