Sénégal : L’industrie reprend vie avec une croissance record de 24,4 % en septembre 2025.
Le moteur industriel sénégalais a connu un sérieux coup d’accélérateur. Selon les données officielles publiées par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), la production industrielle a bondi de 24,4 % en septembre 2025, comparée au même mois de l’année précédente. Une performance impressionnante, portée notamment par la montée en puissance du secteur extractif, dopé par le lancement effectif de la production pétrolière et gazière du pays.
Une performance tirée par l’or noir et le gaz sénégalais
Le Sénégal récolte les premiers fruits de sa nouvelle aventure énergétique. La mise en exploitation du champ pétrolier Sangomar et les débuts du projet gazier GTA (Grand Tortue Ahmeyim) ont dynamisé les activités extractives, entraînant dans leur sillage plusieurs autres segments de l’économie.
Cette poussée se reflète clairement dans les chiffres : l’indice de la production industrielle (IHPI) s’est envolé, soutenu par les activités d’extraction, mais aussi par la relance du raffinage, des industries agroalimentaires et de la fabrication de produits chimiques.
Un effet d’entraînement sur d’autres branches
Si le secteur extractif a servi de locomotive, le rebond industriel s’est également appuyé sur la bonne tenue des industries manufacturières. La hausse des volumes de production de ciment, de sucre, de papier et de carton, conjuguée à la stabilité de l’énergie et de l’eau, a contribué à ce redressement global.
Selon l’ANSD, la progression observée traduit un effet combiné entre l’amélioration des capacités de production et la reprise de la demande locale et régionale, après plusieurs trimestres d’ajustements liés à l’inflation et à la conjoncture mondiale.
Derrière la hausse, une réalité plus nuancée
Mais attention à ne pas se laisser griser par les chiffres. Cette croissance de 24,4 % en glissement annuel repose aussi sur un effet de base favorable : en septembre 2024, certaines branches industrielles avaient ralenti leurs activités, notamment à cause des contraintes énergétiques et logistiques.
Autrement dit, si la reprise est réelle, elle reste fragile. Les économistes rappellent que le défi du Sénégal sera de maintenir cette dynamique tout en diversifiant les moteurs de croissance, afin de ne pas tout miser sur le pétrole et le gaz.
Des perspectives prometteuses mais exigeantes
La performance industrielle de septembre est un signal positif pour l’économie sénégalaise. Elle annonce le début d’une ère industrielle soutenue par les ressources naturelles, mais aussi la nécessité de renforcer la transformation locale.
Le gouvernement, de son côté, compte sur ces nouvelles recettes pour financer ses grands projets d’infrastructures, tout en favorisant la création d’emplois industriels.
Reste à savoir si cette impulsion se transformera en croissance inclusive, capable d’améliorer durablement les conditions de vie de la population.
Le Sénégal vient de prouver que son potentiel industriel est bien réel. Mais transformer cette performance mensuelle en succès structurel demandera constance, stratégie et bonne gouvernance.
Une croissance tirée par l’extraction ne suffit pas — encore faut-il qu’elle alimente des usines, des emplois et des exportations.
La lumière s’est allumée dans les usines, certes, mais pour qu’elle reste allumée, il faudra veiller à ce que le moteur industriel du pays ne tourne pas uniquement au carburant fossile.
La Rédaction



