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Sénégal : Le secteur bancaire face à la tempête de la dette publique.

Le secteur bancaire sénégalais continue d’afficher des résultats positifs, mais il évolue dans un environnement économique de plus en plus contraignant. Entre dette publique colossale, pressions réglementaires et fragilités structurelles, les établissements de crédit doivent jongler entre performance et prudence.


Des bénéfices en hausse et une solvabilité rassurante

À fin 2024, les banques sénégalaises ont dégagé un résultat net provisoire de 205,4 milliards FCFA, en progression de près de 28 % sur un an.
Dans le même temps, les encours de crédits bancaires ont atteint 7 814 milliards FCFA au premier trimestre 2025, en hausse de 7,6 %.

Autre indicateur rassurant : le ratio moyen de solvabilité du secteur, mesurant la capacité des banques à résister aux chocs, s’élève à 14,4 %, bien au-dessus du minimum réglementaire de 11,5 % fixé dans l’UEMOA.

Ces performances reflètent une dynamique soutenue de financement et la confiance des investisseurs dans un secteur qui reste l’un des plus solides de la région.


Une dette publique qui fragilise l’écosystème financier

Derrière cette apparente bonne santé, une ombre plane : la dette publique sénégalaise. Longtemps estimée à environ 74 % du PIB, elle a été réévaluée à près de 100 % du PIB fin 2023, puis à 105-111 % en 2024 à la suite d’un audit indépendant.

Un tel niveau compromet la soutenabilité budgétaire du pays et accroît la pression sur le secteur bancaire, largement exposé aux titres publics. Cette dépendance au financement de l’État limite la capacité des banques à injecter des crédits vers le secteur privé, pourtant crucial pour stimuler l’économie réelle.


Des fragilités structurelles persistantes

Selon plusieurs analyses, dont celles de Fitch BMI, le secteur bancaire sénégalais doit également composer avec :

  • Une forte exposition aux risques souverains, qui accroît sa vulnérabilité en cas de tensions budgétaires.
  • Une qualité de crédit encore fragile, avec un taux de créances douteuses qui avoisine 9,6 %.
  • Des fonds propres en baisse relative depuis 2015, ce qui réduit la capacité à absorber de potentielles pertes.
  • Des fondamentaux économiques limités (faible revenu par habitant, niveau d’éducation modeste), qui freinent la demande en services financiers sophistiqués.

Un équilibre à trouver entre croissance et prudence

Le paradoxe est clair : alors que les banques sénégalaises affichent de bons résultats financiers, elles évoluent dans un contexte macroéconomique incertain. Pour maintenir leur solidité, elles devront diversifier leurs produits, renforcer leurs fonds propres et surtout réduire leur dépendance aux titres publics.

En somme, le secteur bancaire sénégalais avance sur une ligne de crête : solide aujourd’hui, mais exposé demain si la trajectoire de la dette publique et les fragilités structurelles ne sont pas corrigées.

La Rédaction

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