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Sénégal : Le gouvernement compte tirer 762,6 milliards FCFA de nouvelles taxes dès 2026.

Le Sénégal a de grandes ambitions fiscales pour l’an prochain. Dans le projet de loi de finances 2026, l’État prévoit de dégager 762,6 milliards FCFA de recettes supplémentaires via des mesures fiscales nouvelles ou renforcées. Objectif : renforcer l’autonomie financière de l’État et combler un déficit public jugé trop élevé.


Un « plan de renouveau fiscal » chiffré

Ce montant de 762,6 milliards FCFA n’est pas une évaluation floue : il est explicitement mentionné dans les documents préparatoires du budget 2026. Ces recettes additionnelles se décomposent en une série de mesures sectorielles, à la fois ciblées et variées. (Source : projet de loi de finances 2026, Sénégal)

Parmi les leviers évoqués :

  • L’introduction ou le renforcement d’une taxe sur les jeux de hasard, estimée à ~ 300 milliards FCFA.
  • L’augmentation de la taxation des services de mobile money, pour un gain projeté de ~ 76,5 milliards FCFA.
  • Un relèvement des droits fiscaux sur le tabac et l’alcool.
  • La suppression de certaines valeurs de correction (apparemment 29 milliards FCFA).
  • La réintroduction des droits de sortie pour certaines exportations (arachide, entre autres).
  • Une rationalisation des dépenses fiscales, pour générer ~ 100 milliards FCFA.

Ces mesures s’inscrivent dans la Stratégie de Résilience Économique et Sociale (PRES) du gouvernement sénégalais, censée concilier redressement budgétaire et stimulation de l’investissement.


Pourquoi ces mesures maintenant ?

Le contexte économique global plaide pour une mobilisation accrue des ressources internes. Le Sénégal fait face à des pressions : dépenses sociales, coûts d’infrastructures, volatilité des prix des matières premières, et raréfaction des financements extérieurs.

Le gouvernement estime que sans ces mesures, le déficit public resterait trop élevé, compromettant la crédibilité financière du pays. Augmenter les recettes « domestiques » est donc vu comme un impératif de souveraineté budgétaire.


Les risques d’un trop-plein fiscal”

Toute stratégie fiscale agressive comporte des risques :

  1. Acceptabilité sociale : taxer des secteurs populaires (mobile money, alcool) peut générer du mécontentement, surtout en période de coût de la vie élevé.
  2. Évasion et contournement : les opérateurs peuvent chercher à échapper aux nouvelles taxes, notamment dans des secteurs informels.
  3. Impact sur la croissance : si les mesures sont trop sévères, elles pourraient freiner la consommation ou l’investissement privé.
  4. Mise en œuvre : la capacité administrative de collecter ces taxes efficacement sera mise à l’épreuve.

Ce que cela change pour le Sénégal

Si ces recettes sont effectivement collectées, l’État disposera de marges de manœuvre accrues. Elles pourront financer les infrastructures, la santé, l’éducation et des projets de développement local sans dépendre entièrement de l’aide externe ou de l’endettement.

Mais pour que le dispositif atteigne ses objectifs, il faudra que les taxes soient appliquées de manière transparente, équitable et progressive. Le “qui paie quoi” devra être clairement défini pour éviter les frustrations.


Diversifier les sources de revenus n’est pas un luxe pour le Sénégal : c’est une question de survie financière. Si 762 milliards FCFA se transforment en recettes tangibles, ce sera un petit tremplin vers plus d’autonomie. Mais le piège est là : taxer, oui — mais sans écraser le citoyen. Le challenge n’est pas seulement de lever de l’argent, mais de le faire sans briser la confiance.

La Rédaction

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