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Sahel : L’aide humanitaire débordée par l’ampleur des besoins.

Bamako accueille le premier Forum humanitaire de l’AES pour repenser la solidarité régionale.

Alors que les crises sécuritaires, alimentaires et climatiques se multiplient au Sahel, les réponses humanitaires peinent à suivre le rythme. Du 7 au 9 août 2025, le Centre international de conférences de Bamako (CICB) a accueilli le Forum humanitaire des ministres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Objectif : établir des solutions concrètes face à l’insuffisance des financements humanitaires et améliorer la coordination régionale.

Une alerte commune face à une crise partagée

À l’ouverture du Forum, le ministre de la Justice du Mali, Mahamadou Kassogué, représentant le Premier ministre, a tiré la sonnette d’alarme : seulement 50 % des personnes en situation de besoin au Mali ont pu être assistées en 2024, un chiffre similaire au Burkina Faso et au Niger.

Ce constat d’insuffisance est partagé par l’ensemble des délégations venues de six pays : Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie, Tchad et Togo. Ces États, confrontés à des défis humanitaires croissants, tentent de construire une approche commune et durable.

Des budgets en chute libre, des vies en suspens

Le Plan de réponse humanitaire (HRP) 2025 du Mali estimait les besoins à 6,5 millions de personnes, avec un budget de 771,3 millions USD pour en aider 4,7 millions. Mais en raison de fortes coupes budgétaires, le plan a été ramené à 2,1 millions de bénéficiaires, pour un financement disponible de seulement 223,3 millions USD.

Même situation dramatique au Burkina Faso, où 793 millions USD sont nécessaires, mais seulement 6 % des fonds ont été mobilisés. Au Niger, les besoins concernent 4,5 millions de personnes, mais les financements ne couvrent que 42 % des besoins estimés pour 2024.

L’urgence nutritionnelle atteint un seuil critique

Les conséquences de ce déficit financier sont alarmantes :

  • Au Mali, 2,9 millions de personnes sont menacées par l’insécurité alimentaire, et 425 000 enfants souffrent ou risquent de souffrir de malnutrition aiguë sévère.
  • Au Burkina Faso, sur 1,3 million de personnes identifiées comme vulnérables sur le plan nutritionnel, seules 212 675 ont pu être prises en charge à la mi-2025, dont 40 861 enfants et 137 976 femmes enceintes ou allaitantes.

Ces chiffres illustrent une réalité préoccupante : faute de ressources, l’aide ne parvient plus aux plus vulnérables.

Protéger avant tout les populations

Intervenant au nom des partenaires humanitaires, Ghassum Diagne a insisté sur l’importance de recentrer les efforts autour de la protection des populations, notamment des femmes et des enfants. Il a également souligné le besoin urgent de réponses structurées et financées, fondées sur une coordination efficace et des engagements solides des partenaires internationaux.

Construire une solidarité africaine durable

Les discussions ont porté sur des pistes concrètes pour renforcer l’autonomie humanitaire régionale :

  • Création de mécanismes de financement collectifs durables, mieux adaptés aux réalités locales.
  • Renforcement de la coopération intra-africaine pour répondre plus rapidement aux crises.
  • Mobilisation des acteurs bilatéraux, multilatéraux et du secteur privé autour de la cause humanitaire.

Une région face à elle-même

Le Forum humanitaire de Bamako a révélé une vérité brutale : l’aide internationale seule ne suffit plus. Dans un contexte de crises répétées, le Sahel doit désormais compter sur sa propre solidarité, sa propre capacité à innover et coopérer. En ce sens, l’Alliance des États du Sahel cherche à transformer l’urgence humanitaire en opportunité politique : celle de bâtir une réponse africaine aux défis africains.

La Rédaction

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