Présidence tournante de l’UEMOA : Les pays de l’AES claquent la porte à Lomé.

Réunis à Lomé pour la deuxième session ordinaire annuelle du Conseil des ministres de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA), les représentants des États de l’Alliance des États du Sahel (AES) – Burkina Faso, Mali, Niger – ont quitté la salle en plein travaux. Motif : le refus du respect de la présidence tournante, pourtant prévue par les textes de l’Union.
Un désaccord sur la présidence tournante
Selon l’article 11 du Traité de l’UMOA, la présidence du Conseil des ministres doit revenir à tour de rôle aux ministres des Finances des États membres, pour une durée de deux ans.
Or, pour cette session de juillet 2025, le Burkina Faso, membre de l’AES, était pressenti pour prendre la présidence. Cependant, aucun consensus n’a été trouvé, et la présidence est restée entre les mains du ministre ivoirien, Adama Coulibaly.
Face à ce blocage, les ministres des Finances du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont décidé de quitter la réunion en signe de protestation.
Que dit exactement l’article 11 du Traité de l’UMOA ?
« Le Conseil choisit l’un des ministres chargés des Finances de l’UMOA pour présider ses travaux. Cette élection, faite ès qualité, doit appeler les ministres à présider à tour de rôle le Conseil. La durée du mandat du président est de deux ans. »
Cet article établit clairement le principe de rotation équitable entre les États membres. Le refus d’appliquer cette disposition au Burkina Faso a été perçu comme une violation des textes de l’Union.
Une tension politique dans un contexte de rupture progressive
Ce départ s’inscrit dans une série de tensions régionales depuis que les pays de l’AES ont entamé un retrait progressif de plusieurs organisations ouest-africaines, dont la CEDEAO.
La situation reflète un climat de méfiance croissante entre les États sahéliens et les institutions sous-régionales dominées par des pays côtiers.
Vers un blocage institutionnel ?
Ce retrait symbolique pourrait avoir des impacts lourds :
- Crise de gouvernance au sein de l’UEMOA ;
- Fragilisation du dialogue institutionnel entre États membres ;
- Risque de délégitimation des décisions prises sans les États de l’AES.
Il est désormais attendu que la BCEAO, la Commission de l’UEMOA ou les chefs d’État interviennent pour éviter une rupture plus profonde.
La Rédaction