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PME vertes au Mali : Un pari stratégique pour un avenir durable.

Dans un contexte régional marqué par les chocs climatiques, l’insécurité alimentaire croissante et une instabilité socio-économique persistante, soutenir les Petites et Moyennes Entreprises (PME) vertes au Mali ne relève plus du choix, mais de l’urgence. Ces structures, souvent marginalisées dans les politiques publiques, sont pourtant des leviers incontournables pour une transition écologique inclusive et un développement économique endogène.


Un pays à fort potentiel, mais vulnérable aux chocs climatiques

Le Mali subit de plein fouet les effets du changement climatique : sécheresses à répétition, déforestation massive, dégradation des sols et raréfaction des ressources en eau. Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), plus de 80 % de la population malienne dépend de l’agriculture et des ressources naturelles pour vivre. Or, ces dernières sont les plus menacées.

Dans ce contexte, les PME vertes – entreprises agricoles durables, startups dans le recyclage, l’énergie solaire ou l’éco-construction – jouent un rôle clé. Elles expérimentent et diffusent des solutions locales, adaptées aux besoins des populations et aux réalités climatiques du pays.


Des réponses locales face à un système sous pression

À l’heure où l’aide humanitaire peine à répondre aux besoins croissants au Sahel, comme l’a montré le Forum humanitaire de Bamako en août 2025, les PME vertes peuvent contribuer à soulager la pression sur l’État et les ONG. Elles créent des emplois, notamment pour les jeunes et les femmes, favorisent la résilience des communautés rurales et réduisent la dépendance aux importations.

À titre d’exemple, plusieurs jeunes pousses maliennes travaillent aujourd’hui sur des projets d’irrigation solaire, de transformation de déchets organiques en engrais, ou encore sur la fabrication de foyers améliorés. Ces innovations permettent non seulement de réduire les émissions de CO2, mais aussi de baisser les coûts énergétiques pour les ménages, dans un pays où le prix de l’électricité reste prohibitif.


Des financements quasi inexistants

Malgré leur importance, les PME vertes font face à un double défi : un manque cruel de financements adaptés et une absence de reconnaissance institutionnelle. Les banques traditionnelles restent frileuses à financer des projets dits “non conventionnels”, et les rares fonds verts disponibles sont souvent orientés vers les grandes entreprises ou les ONG internationales.

En juillet 2025, la Banque africaine de développement a pourtant lancé un appel à renforcer les investissements verts dans les zones fragiles du Sahel. Le Mali, qui ambitionne de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 31 % d’ici 2030 selon son Plan National Climat, doit impérativement s’inscrire dans cette dynamique.


L’État et les partenaires au développement doivent jouer leur rôle

Le soutien aux PME vertes doit devenir une priorité stratégique pour les politiques publiques maliennes. Cela passe par la mise en place de fonds souverains d’innovation verte, la création de dispositifs d’accompagnement technique, fiscal et juridique, et l’intégration de ces acteurs dans les programmes de résilience climatique.

Par ailleurs, les bailleurs internationaux doivent repenser leurs mécanismes d’aide, en intégrant plus systématiquement les acteurs économiques locaux, souvent mieux implantés, plus agiles et plus durables que les grandes structures exogènes.


Un levier pour la souveraineté économique et écologique

Soutenir les PME vertes, c’est investir dans un Mali plus souverain, plus juste et plus résilient. C’est aussi miser sur l’intelligence locale, l’entrepreneuriat engagé et la capacité du pays à se relever par lui-même, dans un monde où les ressources se raréfient et où la solidarité internationale montre ses limites.

Les PME vertes ne demandent pas la charité, mais un véritable partenariat. Et si l’on veut éviter que les crises climatiques et sociales ne s’aggravent, il est temps de les considérer comme des partenaires à part entière du futur malien.

La Rédaction

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