Pétrole et gaz : L’Afrique s’attend à une vague record de fusions-acquisitions en 2026.
Entre recomposition des marchés, montée du gaz et repositionnement des majors, le continent prépare une année charnière pour son industrie énergétique.
L’Afrique s’apprête à vivre une année 2026 sous haute tension économique et cette fois, ce sont les barils et les deals qui feront les gros titres.
Selon plusieurs analyses de la African Energy Chamber (AEC), de cabinets internationaux comme Deloitte et PwC, l’activité de fusions et acquisitions (M&A) dans le secteur pétrolier et gazier du continent pourrait atteindre un niveau record.
Une perspective qui s’explique autant par la restructuration des portefeuilles des majors que par la montée en puissance des acteurs africains indépendants.
Des moteurs puissants : diversification, gaz et consolidation
Les grands mouvements de 2026 ne sortiront pas de nulle part. Depuis deux ans, plusieurs majors — Eni, TotalEnergies, Shell ont entrepris de réorganiser leurs actifs africains, cédant certaines participations pour se recentrer sur les zones à forte rentabilité.
Résultat : des indépendants africains, soutenus par des fonds ou des traders comme Vitol et Trafigura, se positionnent en chasseurs d’opportunités.
Les analystes parlent d’un mouvement de fond. Les indépendants cherchent à gagner en taille, les États multiplient les appels d’offres pour de nouveaux blocs d’exploration, et le gaz naturel longtemps sous-estimé attire de nouveaux investisseurs.
Dans plusieurs pays comme le Sénégal, le Nigeria, la Côte d’Ivoire ou encore l’Angola, les annonces de projets LNG (gaz naturel liquéfié) se multiplient.
Et qui dit nouveaux projets, dit aussi fusions, rachats et restructurations de sociétés prêtes à exploiter les prochains gisements.
Les zones chaudes de 2026
Les prévisions de la African Energy Chamber placent la côte ouest africaine en première ligne.
Le golfe de Guinée riche en projets offshore et en infrastructures sera un terrain majeur de négociation.
Mais d’autres pôles montent aussi :
- L’Afrique du Nord, notamment l’Égypte et l’Algérie, qui capitalisent sur le gaz pour l’exportation vers l’Europe.
- L’Afrique centrale, avec l’Angola et le Congo, où les acteurs locaux montent en puissance.
- Et enfin, l’Afrique de l’Est, portée par le Mozambique et la Tanzanie, où les projets gaziers géants continuent d’attirer les majors.
Derrière les chiffres, une évidence : le centre de gravité énergétique mondial se décale peu à peu vers le Sud.
L’Afrique, longtemps simple fournisseur, devient un marché de transactions et de stratégie industrielle à part entière.
Entre opportunités et prudence
L’optimisme est réel, mais il reste mesuré.
Car si les perspectives sont prometteuses, les risques demeurent : hausse du coût du capital, instabilité réglementaire et volatilité des prix du pétrole.
Les États africains devront éviter de vendre leurs actifs à la hâte, sous peine de perdre le contrôle de ressources stratégiques.
Pour les experts, le vrai défi sera de transformer ces fusions en leviers de développement durable :
Emplois, transfert de technologies et meilleure gouvernance des revenus pétroliers.
Un tournant continental
Au fond, cette « fièvre M&A » est un signe encourageant.
Elle montre que le continent attire à nouveau les investisseurs, non plus seulement pour extraire, mais aussi pour négocier, gérer et transformer.
Les acteurs africains gagnent en maturité financière et en ambition stratégique une évolution que les grands groupes mondiaux observent désormais avec respect.
L’Afrique à la table des grands deals
Si 2024 et 2025 ont été des années d’observation, 2026 pourrait être celle de la recomposition.
Pour la première fois, les décisions qui feront bouger les marchés pétroliers mondiaux ne se prendront pas uniquement à Londres, Houston ou Paris…
Mais aussi à Lagos, Abidjan, Dakar ou Luanda.
Et cela change tout : l’Afrique ne se contente plus d’être le terrain du jeu énergétique — elle en devient l’un des joueurs.
La Rédaction



