
Paiements transfrontaliers : L’UEMOA franchit un cap décisif grâce à la BCEAO.
L’espace UEMOA vit une transformation majeure dans la manière dont circulent les paiements entre ses huit États membres. La Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a présenté, lors d’une réunion du Conseil de stabilité financière (FSB) en juin dernier, les avancées significatives qui placent désormais la région parmi les bons élèves en Afrique en matière d’intégration financière.
Des délais réduits et des coûts allégés
Jusqu’au début des années 2000, les transferts d’argent entre pays de l’UEMOA pouvaient prendre jusqu’à 45 jours. Aujourd’hui, ils sont traités en moins de deux jours.
Côté tarifs, la différence est tout aussi spectaculaire : quelques centimes seulement par transaction, contre des coûts beaucoup plus lourds il y a encore vingt ans. Cette modernisation rend les paiements transfrontaliers plus accessibles et compétitifs.
Inclusion financière : une révolution silencieuse
L’une des grandes réussites de la BCEAO est l’intégration de la monnaie électronique dans le système. Grâce à elle, des millions de personnes, jusque-là exclues du circuit bancaire traditionnel, peuvent désormais recevoir, envoyer et épargner de l’argent en toute sécurité.
Ce progrès renforce la confiance dans les services financiers et favorise une meilleure intégration économique régionale.
Transparence et innovation au rendez-vous
La BCEAO a également mis l’accent sur la transparence des tarifs bancaires et sur la régulation progressive des fintechs, dont le rôle devient incontournable dans l’écosystème.
Autre chantier de taille : la future plateforme régionale d’interopérabilité des services financiers numériques. Elle permettra d’effectuer des paiements instantanés entre les huit pays de l’Union, une avancée qui transformera le quotidien des usagers et des entreprises.
Une ambition continentale
L’UEMOA ne se limite pas à son espace régional. La BCEAO participe activement à deux projets panafricains majeurs :
- le Système de paiement et de règlement de la CEDEAO (EPSS),
- le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS).
Ces dispositifs sont au cœur de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui ambitionne de fluidifier les échanges commerciaux à l’échelle du continent.
Cinq priorités pour l’avenir
Jean-Claude Kassi Brou, gouverneur de la BCEAO, a rappelé que les progrès actuels doivent s’accompagner d’une coopération renforcée entre États autour de cinq axes :
- Harmoniser les cadres réglementaires,
- Aligner les règles de supervision,
- Mieux gérer les risques de change et de règlement,
- Mutualiser les dispositifs de gestion des risques,
- Améliorer le partage d’informations entre autorités.
L’objectif : bâtir un système de paiements sûr, inclusif et intégré.
Une UEMOA plus forte et connectée
En modernisant ses infrastructures, en s’ouvrant aux fintechs et en favorisant l’inclusion financière, l’UEMOA franchit une étape stratégique. Au-delà de la technique, il s’agit d’un enjeu de souveraineté économique : permettre aux citoyens et aux entreprises de circuler dans la région avec la même fluidité que leurs capitaux.
La Rédaction