
“Œil pour œil, visa pour visa” : Bamako fait payer Washington à la même mesure.
Le Mali a décidé de répondre du tac au tac aux restrictions imposées par les États-Unis en matière de visas. En vertu du principe de réciprocité, les autorités maliennes appliquent désormais aux ressortissants américains les mêmes conditions que celles imposées aux citoyens maliens par Washington.
Concrètement, cette mesure signifie que les visas délivrés aux Américains seront désormais limités en durée et en validité, selon les modalités appliquées par les États-Unis aux Maliens. L’annonce a été faite le 11 octobre 2025 par le ministère malien des Affaires étrangères, dans un communiqué qui marque un tournant dans la politique migratoire du pays.
Un contexte de tensions latentes
Cette réponse diplomatique intervient dans un climat de refroidissement des relations entre Bamako et Washington. Depuis plusieurs mois, les relations bilatérales se sont complexifiées, notamment sur les questions de gouvernance, de sécurité régionale et de partenariats internationaux.
La décision américaine, perçue comme « discriminatoire » par certains responsables maliens, aurait consisté à restreindre les types de visas accordés aux ressortissants maliens, invoquant des « préoccupations administratives et sécuritaires ». Bamako a donc choisi de rétablir l’équilibre diplomatique, un geste qui traduit une volonté d’affirmation de souveraineté.
Un signal fort envoyé par Bamako
Pour les autorités maliennes, cette mesure n’est pas un geste de rupture, mais un message politique clair : le Mali entend être respecté sur la scène internationale, et ses citoyens traités à égalité.
« Le Mali reste ouvert à la coopération, mais dans le respect mutuel », souligne une source diplomatique citée par L’Essor.
En agissant ainsi, Bamako s’aligne sur une tendance croissante des pays africains à revendiquer un partenariat équilibré avec les grandes puissances. Une approche qui s’inscrit dans la logique d’une diplomatie de plus en plus souverainiste et assumée.
Une réciprocité plus symbolique qu’économique
Sur le plan pratique, le nombre de voyageurs américains vers le Mali reste limité — principalement des diplomates, des humanitaires et des opérateurs économiques. Mais le geste est hautement symbolique : il traduit un repositionnement diplomatique du Mali, désormais plus affirmé dans ses rapports avec ses partenaires traditionnels.
L’affaire pourrait néanmoins entraîner des discussions diplomatiques entre Bamako et Washington dans les semaines à venir, les deux capitales cherchant à préserver un minimum de coopération dans les domaines de la santé, de la sécurité et de l’aide au développement.
Un Mali qui se redresse
Au-delà du simple dossier des visas, cette décision illustre la nouvelle posture du Mali sur la scène internationale : un État qui ne veut plus subir, mais négocier d’égal à égal.
Une attitude qui, qu’on l’approuve ou non, traduit un réflexe d’affirmation nationale — et un tournant dans la diplomatie africaine contemporaine.
La Rédaction