
Mali : Vers la création d’une société nationale de réassurance pour sécuriser l’économie.
Le gouvernement malien a annoncé, lors du Conseil des ministres du 10 septembre 2025, la mise en chantier d’un projet ambitieux : la création d’une société nationale de réassurance. Présenté par le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, ce projet vise à renforcer la souveraineté financière du Mali, tout en offrant une réponse aux limites actuelles du marché des assurances.
Un marché des assurances en pleine croissance, mais dépendant de l’étranger
Le secteur des assurances malien connaît une progression constante, avec un volume de primes en hausse et une diversification croissante des produits proposés. Cependant, la majeure partie de ces primes est actuellement cédée à des réassureurs étrangers. Cette situation limite la capacité du Mali à mobiliser ses propres ressources et à gérer localement les risques majeurs, qu’ils soient industriels, agricoles ou liés à des catastrophes naturelles.
Les objectifs d’une réassurance nationale
La future société nationale de réassurance poursuivra plusieurs objectifs stratégiques :
- Renforcer la souveraineté financière : réduire la dépendance vis-à-vis des réassureurs étrangers et conserver davantage de primes sur le territoire national.
- Mieux gérer les risques complexes : industriels, miniers, agricoles ou liés aux catastrophes naturelles.
- Mobiliser l’épargne nationale : via des placements dans le système bancaire, les obligations d’État et d’autres instruments financiers.
- Professionnaliser le secteur : créer des emplois spécialisés et renforcer les compétences techniques des assureurs locaux.
Selon le compte rendu du Conseil des ministres, cette initiative pourrait contribuer à développer un secteur financier plus robuste, capable de soutenir l’économie et de protéger les investissements locaux.
Les défis à relever
La création de cette structure nationale pose cependant plusieurs défis :
- Capital et financement : une société de réassurance doit disposer de fonds solides pour absorber des risques importants.
- Expertise technique : la maîtrise des risques complexes nécessite des compétences spécialisées et une gouvernance rigoureuse.
- Confiance du marché : convaincre les assureurs et les partenaires financiers que cette société nationale peut offrir des services compétitifs.
- Cadre réglementaire : le droit et la supervision des assurances devront être adaptés pour sécuriser l’opération.
Perspectives
Si le projet se concrétise, il constituera un pas majeur vers la souveraineté économique du Mali, en maintenant les primes collectées dans le pays et en renforçant la résilience face aux risques. La réussite dépendra cependant de la mobilisation de capitaux, de l’expertise technique et d’une gouvernance solide.
En créant sa propre société de réassurance, le Mali s’engage sur la voie de l’autonomie financière. Mais ce pari ambitieux devra s’accompagner d’une gestion prudente et professionnelle, sous peine de rester une promesse sur le papier plutôt qu’un outil de développement durable.
La Rédaction