Mali–Russie : 65 ans d’une alliance forgée dans la souveraineté et la confiance.
Le 14 octobre 2025 n’est pas une date anodine dans l’agenda diplomatique du Mali. Ce jour marque le 65ᵉ anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre Bamako et Moscou, une coopération qui n’a cessé d’évoluer, au gré des bouleversements politiques mondiaux et des mutations internes des deux pays.
Plus de six décennies après la signature officielle des premiers accords, l’amitié russo-malienne semble aujourd’hui plus solide que jamais, portée par une convergence de vues sur la souveraineté, la sécurité et le développement.
Une histoire qui remonte à l’indépendance
Tout commence en 1960, quelques semaines à peine après la proclamation de l’indépendance du Mali. À une époque marquée par la guerre froide, Bamako se tourne vers Moscou, cherchant à bâtir une coopération fondée sur le respect mutuel.
Dès les premières années, l’Union soviétique offre un appui technique et militaire considérable : formation des cadres maliens, bourses d’études, transfert de technologies, infrastructures stratégiques.
Cette relation, symbolique d’une époque où de jeunes nations africaines affirmaient leur indépendance vis-à-vis des anciennes puissances coloniales, s’est enracinée dans le temps. Et malgré la chute de l’URSS, le fil diplomatique n’a jamais été rompu.
Une coopération renouvelée sous le signe du pragmatisme
En 2025, le Mali et la Russie entretiennent une relation que les deux gouvernements qualifient d’« exemplaire ».
À l’occasion du 65ᵉ anniversaire, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a adressé un message de félicitations à son homologue russe Sergueï Lavrov, saluant « une coopération fondée sur la confiance, le respect et la souveraineté ».
Sur le plan économique, la Russie s’impose comme un partenaire clé dans plusieurs secteurs :
- Sécurité et défense : fourniture d’équipements, formation militaire, coopération stratégique.
- Énergie et mines : la société Rosatom explore aujourd’hui des projets dans le lithium, l’or et les énergies renouvelables au Mali.
- Éducation et santé : plus d’un millier d’étudiants maliens ont été formés dans les universités russes depuis les années 1960.
Cette dynamique s’inscrit dans la nouvelle politique africaine de Moscou, qui vise à renforcer les partenariats économiques et politiques sur le continent, loin du prisme idéologique d’autrefois.
Un symbole de résilience diplomatique
Au-delà des chiffres et des accords, la relation Mali-Russie se distingue par sa résilience politique.
Alors que le Mali a opéré un virage diplomatique assumé depuis 2021, réduisant ses liens avec certains partenaires occidentaux, la Russie a su se positionner comme un allié stratégique alternatif, particulièrement dans le domaine sécuritaire.
Les deux pays partagent désormais un discours commun sur la souveraineté nationale, la non-ingérence et la lutte contre le terrorisme.
Pour Bamako, cette alliance traduit une conviction : celle qu’un développement durable passe par la maîtrise de ses choix politiques et économiques.
Une amitié tournée vers l’avenir
Alors que Moscou et Bamako célèbrent ce 65ᵉ anniversaire, les perspectives de coopération s’annoncent prometteuses.
De nouveaux projets dans les infrastructures, l’énergie solaire et la recherche scientifique sont en discussion.
Les deux pays affirment vouloir bâtir une relation « gagnant-gagnant », tournée vers l’innovation et la durabilité.
À l’heure où le Mali cherche à redéfinir sa place sur l’échiquier mondial, cette alliance avec la Russie illustre un choix assumé : celui d’une souveraineté économique et politique guidée par la coopération plutôt que la dépendance.
Soixante-cinq ans après leurs premiers échanges diplomatiques, le Mali et la Russie continuent de tracer une route commune. Une route parfois cahoteuse, souvent critiquée, mais que Bamako semble avoir choisie en toute conscience — celle d’un partenariat où, pour une fois, le mot « indépendance » ne sonne pas creux.
La Rédaction
