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Mali : Recettes en hausse, déficit sous contrôle – Ce que révèle le rapport budgétaire du 2ᵉ trimestre 2025.

Le ministère de l’Économie et des Finances a rendu public son rapport d’exécution budgétaire au 30 juin 2025. Les chiffres mettent en lumière une amélioration des recettes publiques, un déficit encore présent mais maîtrisé, ainsi que des critiques persistantes sur la transparence de l’État dans la gestion des finances publiques.


Des recettes fiscales en forte progression

Au deuxième trimestre 2025, le Mali a mobilisé 2 226,3 milliards de FCFA de recettes, soit près de la moitié des objectifs fixés dans la loi de finances rectificative.
À titre de comparaison, trois mois plus tôt, à la fin du premier trimestre, les recettes n’étaient que de 1 027,8 milliards de FCFA. En clair, le pays a plus que doublé sa collecte en l’espace d’un trimestre.

Cette performance s’explique en grande partie par la montée en puissance du recouvrement des impôts directs (913,9 milliards, dont 392,3 milliards d’impôt sur les sociétés) et indirects (1 074,2 milliards). Les recettes non fiscales et les dons, bien qu’en deçà des attentes, complètent le tableau.


Dépenses publiques : entre prudence et lourdeurs structurelles

Les dépenses cumulées atteignent 2 814,6 milliards de FCFA, soit environ 42 % des prévisions annuelles. La majeure partie est absorbée par les dépenses de fonctionnement (salaires, transferts sociaux, charges courantes), qui représentent plus de 2 232 milliards.
La masse salariale seule a coûté 724,1 milliards de FCFA, en hausse de 3,3 % par rapport à 2024.

Les investissements publics, eux, demeurent modestes : seulement 581,9 milliards, dont une large part financée par des ressources extérieures. Autrement dit, l’État consacre davantage de moyens à faire fonctionner la machine qu’à investir dans des projets structurants.


Le déficit budgétaire : une ombre maîtrisée

Avec 588,3 milliards de FCFA de déficit à mi-année (soit 34,7 % de l’objectif annuel), les finances publiques maliennes conservent une relative stabilité. Les financements mobilisés — principalement sur les marchés bancaires et financiers régionaux — permettent de couvrir ce déficit et même de dégager une petite marge de manœuvre, avec un taux de couverture de 1,08.


Le Fonds de retraite et les organismes publics : des contrastes

Le Fonds national de retraite (FNR) dégage un excédent de 13,2 milliards, renforcé par l’augmentation du nombre de cotisants.
À l’inverse, les organismes publics accumulent des dettes importantes : 820,3 milliards au total, dont 536,3 milliards vis-à-vis des banques. Le Fonds d’Entretien Routier Autonome concentre à lui seul 512,1 milliards de dette, confirmant la fragilité de certains établissements.


Transparence : la critique persistante

Malgré ces résultats encourageants, l’opposition et plusieurs observateurs dénoncent un manque de transparence. Le rapport n’indique pas clairement la ventilation institutionnelle des dépenses (Présidence, Primature, Assemblée nationale, etc.). De même, l’exécution des financements extérieurs est largement en deçà des prévisions : “zéro franc mobilisé sur les 45 milliards d’appui budgétaire attendus”, dénoncent certains responsables.


Une trajectoire encourageante mais des défis immenses

Au terme du premier semestre 2025, le Mali présente une image contrastée : des recettes en forte hausse et un déficit sous contrôle, mais des dépenses dominées par le fonctionnement et des investissements trop faibles pour impulser un véritable changement.
La question reste entière : le pays saura-t-il transformer cette dynamique budgétaire en moteur de développement durable, ou restera-t-il prisonnier de ses charges courantes ?

La Rédaction

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