Mali : Première exportation de lithium à Bougouni, un départ attendu qui ouvre une nouvelle ère minière.
Le Mali a franchi en décembre 2025 une étape que l’industrie minière attendait depuis des mois : la première exportation officielle de concentré de lithium issu du projet Bougouni Lithium, opéré par Kodal Minerals. Chargée au port ivoirien de San Pedro, la cargaison marque le passage concret du Mali vers la monétisation de son “or blanc”. Une avancée stratégique à l’heure où les minerais critiques redessinent les rapports économiques mondiaux.
Une première cargaison qui change la donne
Après plusieurs mois de production sur site et de retards liés aux procédures administratives, Kodal Minerals a confirmé le 1ᵉʳ décembre 2025 l’expédition de 28 950 tonnes de concentré de spodumène depuis le port de San Pedro.
Cette première opération suit l’autorisation d’exportation délivrée par le gouvernement malien à l’automne 2025.
La cargaison, transportée par camion sur près de 880 km entre Bougouni et la côte ivoirienne, est destinée à Hainan Mining Co Ltd, partenaire industriel chinois de Kodal Minerals.
Selon les données publiées par l’entreprise, l’usine DMS mise en service en février 2025 a déjà produit plus de 45 000 tonnes de concentré, pour un objectif annuel de 125 000 tonnes.
San Pedro, nouveau corridor stratégique du lithium malien
Le choix du port de San Pedro n’est pas un hasard. Le port ivoirien s’est imposé comme une plateforme logistique plus adaptée au vrac minéral, avec des coûts opérationnels compétitifs et une meilleure fluidité pour les camions en provenance du sud du Mali.
Cette première exportation confirme le rôle croissant des infrastructures ivoiriennes dans l’accès du Mali aux marchés mondiaux, après le boom du graphite, du coton, et désormais du lithium.
Le Mali entre dans la course mondiale aux minerais critiques
Avec Bougouni, le Mali exploite sa deuxième mine commerciale de lithium après Goulamina, renforçant son positionnement dans un secteur mondial en forte demande : batteries, véhicules électriques, stockage énergétique.
Pour un pays enclavé, l’exportation de lithium n’est pas qu’un succès industriel : c’est une preuve de faisabilité économique, un test grandeur nature de sa capacité à valoriser ses ressources stratégiques malgré les défis logistiques, sécuritaires et administratifs.
Un succès, mais pas encore une transformation
La première exportation ne doit pas masquer les défis qui restent à relever :
- l’augmentation durable de la capacité de production ;
- l’amélioration du corridor logistique Mali–San Pedro, encore fragile ;
- la transparence dans la gestion des recettes minières ;
- la question des retombées locales pour les populations de Bougouni.
Le lithium peut devenir un levier majeur de diversification économique, mais cela suppose une vision claire et un contrôle rigoureux des opérations.
Avec cette première cargaison quittant San Pedro, le Mali ne vend pas seulement du lithium : il vend sa capacité à entrer dans une nouvelle économie, celle des minerais critiques. Reste maintenant à transformer l’essai. Car exporter une première fois est un symbole ; exporter durablement, c’est une stratégie.
La Rédaction



