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Mali – Passeports biométriques : Pourquoi la Chine n’a pas remplacé la France.

Dans les couloirs de Bamako circule une idée : la Chine serait désormais le fabricant des passeports maliens, en remplacement de la France. Pourtant, les faits accessibles montrent que ce scénario est une version déformée de la réalité. Le passeport biométrique malien du bloc AES (Mali, Niger, Burkina Faso) reste produit principalement par Idemia, entreprise française spécialisée dans l’identité sécurisée.

L’allégation selon laquelle la Chine aurait “pris la relève” est née d’une conjonction de rumeurs sur les réseaux sociaux, d’allusions à des prestataires chinois émergents, et d’une mésentente diplomatique autour de la reconnaissance des nouveaux documents. Cependant, l’ambassade de Chine au Mali a elle-même démenti tout refus de visa basé sur le passeport AES, ni toute menace de non-reconnaissance officielle.


Le contexte technique : l’Alliance des États du Sahel (AES)

Depuis 2024, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont adopté un passeport commun biométrique dans le cadre de l’Alliance des États du Sahel (AES). Ce passeport est produit par Idemia, selon un contrat existant. L’idée d’un remplacement soudain par un fabricant chinois ne s’appuie sur aucun communiqué officiel ou appel d’offres public disponible à ce jour.

Les documents accessibles montrent qu’Idemia fournit les passeports Mali depuis plusieurs années, et le projet AES n’a pas encore fait l’objet d’une nouvelle attribution publique à un autre opérateur.


L’intérêt chinois : des ambitions, mais pas (encore) de mandat confirmé

Des entreprises chinoises comme EMPTECH ont manifesté un intérêt pour le marché de l’identité numérique en Afrique, tentant de se positionner dans divers pays. Toutefois, leur implication au Mali reste au stade de prospection ou de relationnels, sans annonce officielle de contrat obtenu pour la production des passeports AES.

Les rumeurs de “relais chinois” semblent donc nourries par une ambition industrielle et des communications mal calibrées, plutôt qu’une réalité factuelle établie.


Les démentis et reconnaissances : vers une clarification

Les autorités chinoises, via leur ambassade, ont expressément nié avoir refusé la reconnaissance du passeport AES ou imposé des restrictions à ses porteurs. Ce sont là les démentis officiels face aux rumeurs virales.

De leur côté, les autorités françaises ont déclaré avoir officiellement reconnu le passeport AES dès son lancement, renforçant la crédibilité de la solution existante.


Et demain ? L’enjeu reste le contrôle technologique

Le Mali, comme beaucoup d’États africains, cherche à concilier souveraineté technologique, rentabilité économique et normalisation internationale. Le choix du fabricant de passeports est politique et stratégique : un prestataire chinois ou autre pourrait un jour intervenir, mais seulement dans un cadre transparent, avec appels d’offres et garanties juridiques.

Pour l’heure, la machine reste entre les mains d’Idemia. La Chine observe, ambitionne, mais n’a pas remplacé la France.

Quand les rumeurs prennent l’allure de vérités, il faut revenir au tangible : les contrats, les appels d’offres, les communiqués. Et sur ces critères, la Chine n’a pas encore pris la place de l’ancienne puissance. Le passeport malien, jusqu’à preuve du contraire, reste une affaire franco-africaine.


La Rédaction

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