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Mali : Marvel Gold se désengage progressivement, le projet aurifère de Yanfolila au cœur d’un passage de relais délicat.

Dans le paysage aurifère malien, les lignes bougent. L’australien Marvel Gold Limited, société cotée à la Bourse d’Australie, a engagé un processus de cession de certains de ses actifs miniers au Mali, dont le projet aurifère de Yanfolila, situé dans le sud du pays. Une opération révélatrice des recompositions en cours dans le secteur minier malien, entre retrait progressif d’acteurs étrangers et montée en puissance d’opérateurs plus proches du terrain.

Mais derrière l’annonce, la réalité est plus nuancée : la transaction est progressive, renégociée et encore conditionnelle.


Marvel Gold, un acteur junior présent de longue date au Mali

Marvel Gold est une société d’exploration minière australienne spécialisée dans l’or. Au Mali, elle détenait plusieurs projets, notamment Yanfolila, Tabakorole et Kolondieba, dans des zones géologiques reconnues pour leur potentiel aurifère.

À Yanfolila, Marvel Gold disposait de permis d’exploration couvrant une zone située à proximité de mines industrielles déjà en production, ce qui en faisait un actif jugé prometteur à moyen terme.


Une volonté claire de désengagement

À partir de fin 2024, Marvel Gold annonce officiellement sa volonté de céder ses actifs maliens, invoquant un recentrage stratégique et la nécessité de renforcer sa trésorerie. Un premier accord de principe est alors signé avec une entité privée étrangère, prévoyant la vente de plusieurs projets, dont Yanfolila.

Le montant envisagé tourne autour de quelques millions de dollars australiens, avec des paiements échelonnés et conditionnés aux validations réglementaires.


Yanfolila, un projet pris dans les lenteurs administratives

La cession de Yanfolila s’est toutefois heurtée à un obstacle majeur : le cadre administratif et réglementaire malien, marqué ces dernières années par des réformes du code minier et des retards dans le renouvellement et le transfert de permis.

Faute de validations définitives dans les délais initialement prévus, Marvel Gold et son partenaire ont été contraints de renégocier les termes de l’accord en 2025.

Résultat :

  • la vente a été partiellement reconfigurée,
  • le projet Tabakorole a été priorisé dans la transaction,
  • tandis que Yanfolila reste, à ce stade, dans le portefeuille de Marvel Gold, en attente d’un schéma de cession finalisé.

Un acteur local en embuscade, mais pas encore officiellement aux commandes

L’intérêt pour Yanfolila demeure réel. Selon les informations publiées par Marvel Gold, le projet est destiné à être repris, à terme, par un opérateur plus proche du terrain, présenté comme un acteur à vocation locale ou régionale.

Cependant, aucun transfert définitif de permis n’a encore été officiellement acté au profit d’un opérateur minier malien identifié. La prudence s’impose donc face à certaines lectures hâtives évoquant une session déjà bouclée.


Un symbole des mutations du secteur aurifère malien

Au-delà du cas Yanfolila, cette opération illustre une tendance de fond :

  • les juniors étrangers revoient leur exposition au Mali,
  • les autorités renforcent leur contrôle sur les titres miniers,
  • et les acteurs locaux ou régionaux cherchent à se positionner sur des projets laissés en suspens.

Dans ce nouveau contexte, la valeur d’un permis ne repose plus uniquement sur son potentiel géologique, mais aussi sur sa sécurité juridique et sa capacité à franchir les filtres réglementaires.


Une transition encore inachevée

Le projet aurifère de Yanfolila n’a donc pas encore changé de mains de manière définitive. Il se trouve à la croisée des chemins, entre désengagement d’un acteur étranger et possible émergence d’un opérateur plus ancré localement.

Dans un pays où l’or reste un pilier économique majeur, cette transition sera scrutée de près. Car derrière chaque permis, il y a plus qu’un actif minier : il y a une vision du contrôle des ressources et de la place que le Mali entend occuper dans sa propre chaîne de valeur.

Et parfois, ce qui compte le plus n’est pas la vitesse d’une cession, mais la manière dont elle redessine durablement le secteur.

La Rédaction

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