Mali : Les recettes fiscales progressent, mais le budget reste sous pression.

Le Mali enregistre une amélioration de sa mobilisation des recettes fiscales, ce qui permet un meilleur équilibre budgétaire. Toutefois, cette dynamique reste fragile, en raison d’une forte dépendance aux revenus miniers exceptionnels et à des pressions conjoncturelles sur les dépenses publiques.
Un déficit budgétaire en recul en 2024
En 2024, le déficit budgétaire du Mali a été contenu à 2,6 % du produit intérieur brut (PIB), contre plus de 5 % en 2022. Cette réduction est principalement due à l’amélioration du recouvrement fiscal et à des paiements exceptionnels versés par des entreprises minières et de télécommunications. Le contrôle des dépenses publiques a également contribué à ce résultat, dans un contexte économique marqué par l’insécurité et les effets des inondations.
Mais selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), ce déficit devrait remonter à 3,4 % du PIB en 2025. Cette hausse anticipée est liée à des dépenses d’urgence, notamment pour faire face aux catastrophes naturelles, et à un ralentissement des paiements exceptionnels.
Le poids croissant des recettes minières
Les revenus issus de l’industrie extractive, notamment l’or, représentent une part essentielle des recettes fiscales du Mali. Depuis plusieurs années, les autorités misent sur ce secteur pour renforcer les capacités budgétaires de l’État. En 2018 déjà, les recettes minières représentaient environ un quart du budget national. Depuis, le pays a revu son code minier afin d’augmenter sa part dans les bénéfices générés par les compagnies exploitantes.
En 2025, les autorités visent un objectif de 2 077 milliards de francs CFA de recettes fiscales nettes, soit environ 14,1 % du PIB. Ce chiffre n’inclut pas les recettes minières exceptionnelles, qui viennent souvent combler les insuffisances du budget.
Des vulnérabilités persistantes
Malgré cette dynamique positive, plusieurs facteurs de risque pourraient compromettre la trajectoire budgétaire. D’abord, la forte dépendance aux revenus miniers expose le budget aux variations des prix de l’or et aux litiges avec les multinationales. Par exemple, le complexe Loulo-Gounkoto, exploité par le groupe canadien Barrick, a été placé sous administration judiciaire provisoire, entraînant une suspension temporaire de sa production.
Par ailleurs, les exonérations fiscales accordées sur des produits comme le carburant réduisent la base imposable. Les recettes propres des collectivités territoriales restent très faibles (environ 0,3 % du PIB), ce qui limite leur autonomie financière et accroît la pression sur le budget central.
Les réformes en cours
Pour répondre à ces défis, le Mali s’est engagé dans une série de réformes soutenues par le FMI. Celles-ci portent notamment sur la modernisation du système fiscal, la réduction des exonérations, l’élargissement de l’assiette fiscale et l’amélioration de la gouvernance des entreprises publiques.
L’un des objectifs majeurs est de porter la pression fiscale à 17 % du PIB à moyen terme, contre environ 14,8 % aujourd’hui. Pour cela, il est crucial de transformer les recettes exceptionnelles du secteur minier en revenus réguliers et prévisibles.
Une trajectoire encore incertaine
Malgré les efforts entrepris, la stabilité budgétaire du Mali reste incertaine. L’économie demeure sensible aux chocs exogènes (climat, sécurité, fluctuations des marchés internationaux), tandis que les marges budgétaires sont étroites.
Pour assurer une gestion durable des finances publiques, les autorités devront poursuivre les réformes en profondeur, renforcer les capacités de recouvrement, et sécuriser les sources de financement internes. Sans cela, le budget national continuera de dépendre de facteurs volatils, au risque de compromettre les ambitions de développement du pays.
La Rédaction