
Mali : Le gouvernement passe à l’action pour sortir le pays de la panne de carburant.
Le 14 octobre 2025, Bamako a connu un lundi pas comme les autres. Alors que les files de véhicules s’allongeaient encore devant les stations-service, le Comité interministériel de gestion de crises et catastrophes (CIGCC) s’est réuni sous la présidence du Premier ministre, Abdoulaye Maïga, pour adopter un plan d’action gouvernemental d’urgence. Objectif : mettre un terme à la pénurie de carburant qui paralyse le pays depuis plusieurs semaines et redonner un souffle à une économie asphyxiée.
Une crise devenue insoutenable
Depuis fin septembre, le Mali traverse une crise énergétique majeure. Essence, gasoil, kérosène : tout manque. Dans la capitale, les stations-service sont à sec, provoquant des scènes de chaos.
Les taxis roulent au compte-gouttes, les bus disparaissent des routes, les groupes électrogènes tournent au ralenti. Résultat : des coupures d’électricité prolongées, un ralentissement général de la vie économique, et une exaspération croissante de la population.
Selon plusieurs sources officielles, cette situation découle d’un enchaînement de blocages logistiques et de tensions régionales sur l’approvisionnement. Les routes d’importation — notamment depuis les ports de Conakry et de Dakar — ont connu des retards, compliqués par l’insécurité sur certains corridors et des difficultés de financement des importateurs.
Un plan d’action en trois phases : urgence, stabilisation et durabilité
Pour y remédier, le gouvernement a adopté un plan d’action en trois étapes, mêlant mesures immédiates et solutions structurelles.
1. Réponse d’urgence : sécuriser l’approvisionnement
Le gouvernement a décidé de sécuriser tous les convois de camions-citernes en direction du Mali.
Près de 300 citernes escortées par l’armée ont déjà rejoint Bamako selon le ministère de l’Énergie et de l’Eau.
Des équipes de contrôle ont également été déployées dans les stations pour vérifier le respect des prix et empêcher les ventes frauduleuses.
2. Phase de stabilisation : construire et réguler
Les autorités prévoient la construction de nouvelles capacités de stockage pour éviter que le pays ne revive la même pénurie.
Des stocks dynamiques régionaux seront mis en place afin de répartir les réserves sur tout le territoire.
Parallèlement, un dispositif fiscal et douanier allégé a été adopté pour accélérer les importations et soulager les opérateurs économiques.
3. Vision à long terme : autonomie énergétique et gouvernance
Le plan évoque la mise en œuvre d’un système national d’alerte et de gestion des stocks, permettant de prévoir les ruptures à l’avance.
Le Mali entend aussi diversifier ses sources d’approvisionnement, en explorant de nouveaux partenariats régionaux et en renforçant la coopération énergétique avec ses voisins.
Des signaux positifs mais une confiance à reconstruire
L’arrivée des premiers convois escortés et la reprise progressive de la distribution redonnent un peu d’espoir.
Mais la confiance reste fragile. Les usagers demandent des garanties sur la régularité des livraisons et la transparence du circuit de distribution.
Les opérateurs économiques, de leur côté, insistent sur la nécessité d’un cadre clair et prévisible, condition essentielle pour éviter les ruptures à répétition.
Le Premier ministre, Abdoulaye Maïga, a promis une communication régulière sur l’état des stocks et des livraisons, soulignant que « le carburant, c’est le souffle de l’économie nationale ».
De la panne au sursaut
Ce 14 octobre 2025 pourrait bien marquer un tournant.
Au-delà d’un simple plan technique, il s’agit d’un test de crédibilité pour l’État malien, sommé de prouver qu’il peut anticiper plutôt que réagir.
Car dans ce pays où l’on parle souvent de « rupture de stock », les citoyens attendent surtout une rupture de méthode.
Et si cette fois, la panne avait servi d’électrochoc ?
La Rédaction