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Mali-États-Unis : Après des mois de tensions, une audience pour renouer un dialogue gelé.

Les relations entre Bamako et Washington vont-elles enfin sortir du congélateur ? Après plusieurs mois de froid diplomatique et de messages peu cordiaux entre les deux capitales, le Mali a finalement accordé ce week-end une audience à l’ambassadrice des États-Unis, Rachna Korhonen, récemment nommée mais restée jusqu’ici à distance institutionnelle. Selon les informations officielles publiées par l’ambassade américaine, il s’agit d’un premier pas vers un réengagement, même si le fond politique reste encore fragile.


Un dialogue interrompu depuis les ruptures avec Paris et Washington

Depuis 2022, Washington n’a cessé de critiquer la présence du groupe paramilitaire Wagner au Mali et les orientations diplomatiques du pays, provoquant une série de mesures de rétorsion, dont la suspension d’une partie de l’aide militaire américaine. De leur côté, les autorités maliennes ont accusé les États-Unis d’ingérence, ouvrant une page diplomatique aussi glaciale qu’électrique.

Les sanctions américaines contre plusieurs responsables maliens et des pressions politiques autour des droits humains avaient encore tendu le climat, rendant presque impossible toute discussion de fond.


Le symbole : des États-Unis désormais contraints de revenir parler à Bamako

Mais le contexte sécuritaire régional a, semble-t-il, accéléré les prises de contact. Washington ne peut ignorer la montée en puissance de l’Alliance des États du Sahel (AES), l’évolution militaire dans le nord du Mali et surtout la présence russe décidément bien installée.

Autrement dit, si les États-Unis veulent continuer à peser diplomatiquement dans le Sahel, il leur faudra désormais composer avec Bamako tel qu’il est, et non tel qu’ils voudraient qu’il soit.


La grande question : coopération ou simple prise de contact ?

Pour le moment, rien n’indique une reprise d’une coopération militaire ou économique à grande échelle. L’entretien rapporté par l’ambassade américaine se veut davantage institutionnel : échange au ministère des Affaires étrangères, salutation protocolaire et rappel « de l’importance du dialogue ».

En bref : une poignée de main, mais pas encore de rapprochement stratégique.


Une diplomatie malienne en repositionnement

En parallèle, Bamako poursuit sa recomposition géopolitique : sortie de la CEDEAO, alliance militaire avec le Niger et le Burkina, coopération sécuritaire renforcée avec Moscou, et une politique étrangère beaucoup plus souverainiste.

Dans ce nouveau cadre, les États-Unis comme les Européens cherchent encore comment renouer le fil sans perdre la face.


Dialogue minimum, intérêt maximum

L’audience accordée peut sembler symbolique, mais elle marque surtout une reconnaissance américaine d’une réalité politique désormais installée : le Mali n’est plus un « partenaire sous tutelle », mais un acteur central d’un nouveau paysage géopolitique au Sahel.

La suite dépendra d’un équilibre subtil : réchauffer sans s’embraser, discuter sans se renier… et avancer vers une relation peut-être moins idéologique et davantage pragmatique.

Un exercice diplomatique aussi complexe que nécessaire.

La Rédaction

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