Mali : Dix initiatives visant à promouvoir l’épanouissement des femmes en tant qu’architectes de la paix.
Au Mali, la paix ne se négocie plus seulement autour des tables officielles ou dans les casernes. Elle se construit aussi dans les villages, les quartiers, les marchés… et surtout entre les mains des femmes.
Le gouvernement malien, avec l’appui des Nations unies, vient de retenir dix projets portés par des femmes ou des organisations féminines pour renforcer leur rôle dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix. Une initiative à la fois symbolique et très concrète, dans un pays qui cherche encore son équilibre après des années de crise.
Dix projets, un même objectif : mettre les femmes au cœur de la paix
Selon l’Agence de Presse Africaine (APA), ces dix projets ont été sélectionnés dans le cadre d’un programme national visant à impliquer davantage les femmes dans la gestion des tensions et des violences qui secouent plusieurs régions du Mali.
Ils ciblent notamment :
- la prévention des conflits communautaires,
- la médiation locale entre groupes en tension,
- la réconciliation dans des zones marquées par les affrontements,
- la promotion de la cohésion sociale et du vivre-ensemble.
Certains projets misent sur la formation des femmes à la médiation, d’autres sur la sensibilisation contre les discours de haine ou encore sur des activités génératrices de revenus liées à la paix sociale. L’idée est simple : plus les femmes sont économiquement et socialement renforcées, plus elles peuvent peser dans la prévention des violences.
Un partenariat État–Nations unies pour la paix de proximité
L’initiative est portée conjointement par :
- le gouvernement malien, via les départements en charge de la paix, de la réconciliation nationale, de la cohésion sociale et de la promotion de la femme ;
- et les Nations unies, à travers leurs agences impliquées dans les thématiques genre, paix et sécurité.
Ce partenariat s’inscrit dans la mise en œuvre de l’Agenda Femmes, Paix et Sécurité, issu de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui appelle les États à inclure les femmes à tous les niveaux des processus de paix.
Au Mali, cette orientation prend une dimension très concrète : il ne s’agit pas seulement d’avoir quelques femmes autour des grandes tables de négociation, mais d’en faire des actrices opérationnelles de la paix dans les territoires.
Des femmes au front de la cohésion sociale
Sur le terrain, les femmes sont souvent les premières à subir les conséquences des conflits :
- déplacements forcés,
- violences sexuelles,
- insécurité alimentaire,
- éclatement des familles.
Mais elles sont aussi, bien souvent, les dernières à partir et les premières à reconstruire :
- elles maintiennent les liens entre communautés,
- elles apaisent les tensions dans les familles,
- elles portent des initiatives de solidarité et de survie collective.
Les dix projets retenus viennent outiller et reconnaître ce rôle déjà existant :
- en formant des femmes médiatrices capables d’intervenir dans des conflits de voisinage, de terre, de bétail ou d’accès à l’eau ;
- en soutenant des associations féminines qui organisent des dialogues intercommunautaires ;
- en finançant des actions d’information, d’éducation et de communication pour lutter contre la stigmatisation et la propagation de rumeurs.
Une initiative ancrée dans les politiques nationales de réconciliation
Ces projets ne sont pas isolés. Ils s’inscrivent dans un cadre plus large :
- la politique nationale de réconciliation et de cohésion nationale ;
- la Semaine nationale de la Réconciliation, instituée pour promouvoir le dialogue ;
- les différents programmes de construction de la paix pilotés par l’État et ses partenaires.
L’idée directrice : la paix ne se décrète pas seulement par décret ou accord, elle se construit au quotidien, dans les villages, les communes, les cercles, par la parole, l’écoute et la médiation.
Dans cette optique, les femmes apparaissent comme des relais indispensables entre les institutions et les communautés.
Des moyens limités, mais un signal politique fort
Objectivement, dix projets ne suffiront pas à éteindre tous les foyers de tension d’un pays confronté à une crise multidimensionnelle : sécurité, politique, sociale, économique.
Mais leur importance se situe à deux niveaux :
- Un levier de proximité
- Les projets interviennent au plus près des populations, là où l’État est parfois peu présent.
- Ils misent sur des initiatives locales, portées par des femmes qui connaissent les réalités du terrain.
- Un geste de reconnaissance
- Le gouvernement et les Nations unies envoient un message :
Les femmes ne sont plus seulement vues comme des victimes du conflit, mais comme des actrices de solutions. - C’est aussi une manière de légitimer leur parole dans des espaces publics souvent dominés par les hommes.
- Le gouvernement et les Nations unies envoient un message :
La paix par les femmes : un pari sur le long terme
La portée réelle de ces dix projets se mesurera dans la durée :
- nombre de conflits désamorcés,
- communautés réconciliées,
- femmes formées et actives dans la médiation,
- changement dans la perception du rôle des femmes dans la société.
Mais au-delà des chiffres, l’initiative ouvre une brèche importante :
Celle d’un Mali où les femmes ne sont plus cantonnées à la marge des décisions, mais intégrées à l’architecture de la paix.
Dans un pays où les armes ont trop souvent pris la parole, faire le choix d’outiller dix projets portés par des femmes, c’est parier sur une autre forme de puissance : celle du dialogue, du lien social et de la résilience.
Reste à espérer que ce premier pas ne soit pas une parenthèse, mais le début d’une constante : au Mali, la paix se conjuguera aussi… au féminin.
La Rédaction



