Mali : Bougouni entre dans l’ère du lithium, une deuxième mine pour une nouvelle souveraineté minière.
Un cap symbolique pour l’économie malienne !
Le Mali vient de franchir une étape stratégique dans la valorisation de ses ressources minières. Le 3 novembre 2025, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a inauguré la deuxième mine de lithium du pays, située à Bougouni, à environ 180 km au sud de Bamako.
Cette inauguration marque un tournant pour le pays sahélien, qui cherche à diversifier son économie longtemps dépendante de l’or, en misant désormais sur le « métal blanc », clé de la transition énergétique mondiale.
Une ambition nationale soutenue par des partenaires internationaux
Le projet est porté par Les Mines de Lithium de Bougouni SA (LMLB SA), une coentreprise réunissant l’État malien (35 % du capital), la société britannique Kodal Mining UK Ltd, et la firme chinoise Hainan Mining Co. Ltd, filiale du conglomérat Fosun International.
L’investissement initial de cette première phase est estimé à 65 millions de dollars US, soit près de 36 milliards de FCFA, pour une capacité annuelle prévue d’environ 120 000 tonnes de concentré de spodumène, un minerai riche en lithium.
Selon le ministère des Mines, ce projet s’inscrit dans la stratégie nationale d’exploitation responsable des ressources naturelles, en conformité avec le nouveau Code minier adopté en 2023.
Bougouni, nouveau cœur du lithium malien
Avec cette deuxième mine, Bougouni devient l’un des pôles stratégiques du lithium en Afrique de l’Ouest. La première mine, celle de Goulamina, exploitée conjointement par Firefinch Ltd et le groupe chinois Ganfeng Lithium, avait déjà placé le Mali sur la carte mondiale du lithium.
Les deux sites combinés devraient produire près de 590 000 tonnes de concentré de spodumène d’ici 2026, consolidant la position du pays comme futur acteur majeur du marché mondial du lithium, métal indispensable à la fabrication des batteries pour véhicules électriques et à la transition énergétique.
Un projet à fort impact local
Au-delà des ambitions géoéconomiques, la mine de Bougouni génère déjà des retombées sociales notables. Plus de 500 emplois directs ont été créés, et 800 autres sont attendus lors de la phase d’exploitation complète.
D’après les autorités, 24 milliards de FCFA ont déjà été injectés dans l’économie locale à travers les achats et services locaux, tandis que 317 millions de FCFA ont été consacrés aux actions sociales : infrastructures communautaires, appui aux écoles et forages d’eau.
Une dynamique qui, selon les responsables du projet, « s’inscrit dans une logique de contenu local fort et de création de valeur partagée ».
Entre promesse de souveraineté et défi de gouvernance
L’enjeu dépasse la simple exploitation minière. Pour le gouvernement, cette deuxième mine représente un symbole de souveraineté économique : celle d’un Mali capable de transformer et valoriser ses propres ressources, tout en négociant à meilleures conditions avec les investisseurs étrangers.
Cependant, cette ambition devra composer avec plusieurs défis : la transparence dans la gestion des revenus miniers, la protection de l’environnement, et surtout la capacité du pays à transformer localement le lithium brut, afin d’éviter que le Mali ne reste un simple exportateur de matière première.
Le Mali, du métal jaune au métal blanc
De l’or au lithium, le Mali semble vouloir réécrire son récit économique. Mais la souveraineté minière ne se décrète pas, elle se construit pas à pas — entre gouvernance rigoureuse, formation locale et vision industrielle à long terme.
L’inauguration de Bougouni, au-delà du symbole, est peut-être le premier chapitre d’un Mali qui aspire enfin à monter en gamme dans la chaîne de valeur mondiale.
La Rédaction



