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Mali : 52 milliards FCFA pour propulser Orange Mali au cœur de l’inclusion numérique rurale.

Au Mali, l’inclusion numérique change d’échelle. La Société financière internationale (IFC), bras privé du Groupe Banque mondiale, a annoncé un investissement de 80 millions d’euros au profit d’Orange Mali SA. L’objectif affiché est d’étendre la connectivité haut débit, de réduire la fracture numérique, surtout en zones rurales, et de faire du numérique un levier d’inclusion sociale, économique et climatique.


Un prêt social de 80 millions d’euros, taillé pour l’impact

L’enveloppe globale de 80 millions d’euros, soit environ 52 milliards FCFA, est structurée en deux volets.
D’une part, 50 millions d’euros sont apportés directement par l’IFC.
D’autre part, 30 millions d’euros sont mobilisés auprès de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD).

L’ensemble prend la forme d’un prêt social (social loan). Ce type de financement lie explicitement le crédit à des objectifs sociaux mesurables, comme :

  • l’élargissement de la couverture réseau dans les zones rurales ;
  • l’amélioration de l’accès au haut débit ;
  • le renforcement de l’inclusion numérique des populations, avec un accent particulier sur les femmes.

L’opération bénéficie aussi de la Fenêtre du secteur privé de l’IDA (Association internationale de développement). Ce mécanisme permet d’offrir des ressources à long terme, en monnaie locale, ce qui réduit le risque de change pour Orange Mali et facilite les investissements sur la durée.


300 nouvelles antennes 4G et 300 000 foyers mieux connectés

Concrètement, le programme servira d’abord à installer 300 nouvelles antennes 4G à travers le territoire malien. Au moins la moitié de ces sites sera déployée en zones rurales, où la couverture reste insuffisante ou inexistante.

Ensuite, le financement permettra d’étendre le réseau de fibre optique pour atteindre environ 300 000 foyers et petites entreprises. L’objectif est de renforcer l’accès à l’internet haut débit, devenu indispensable pour l’éducation en ligne, la santé à distance, le commerce électronique et de nombreux services modernes.

Le projet comprend également la modernisation de l’infrastructure réseau afin d’améliorer :

  • la qualité de service ;
  • la résilience face aux coupures ;
  • la capacité à absorber une demande en data en forte croissance.

Du diesel au solaire : quand le réseau devient plus vert

L’initiative porte aussi une dimension environnementale forte. Orange Mali prévoit de remplacer progressivement des groupes électrogènes diesel par des solutions solaires pour alimenter certains sites télécoms.

Selon l’IFC, cette transition énergétique pourrait permettre de réduire les émissions de CO₂ de plus de 8 000 tonnes par an. Le projet montre ainsi que l’extension du réseau télécom peut rimer avec une meilleure maîtrise de l’empreinte carbone du secteur.


Inclusion numérique, inclusion des femmes

Au-delà des infrastructures, le financement met l’accent sur l’inclusion des femmes. Orange Mali s’engage à augmenter fortement la proportion de femmes bénéficiaires de ses programmes de formation numérique, avec un objectif de 70 % de femmes d’ici 2032.

Dans un pays où les femmes occupent une place centrale dans l’économie informelle et dans la survie des ménages, l’accès aux compétences numériques peut transformer leurs perspectives. Il ouvre la porte à :

  • l’entrepreneuriat digital ;
  • les services financiers via le mobile money ;
  • un meilleur accès à l’information ;
  • une insertion professionnelle élargie.

Ce prêt social relie ainsi connectivité, autonomisation des femmes et développement local.


Un premier jalon d’un partenariat régional IFC–Orange

Cette opération s’inscrit dans un cadre plus large. Il s’agit du premier investissement concret d’un partenariat signé entre l’IFC et Orange Middle East and Africa (OMEA) lors de l’Africa CEO Forum tenu à Abidjan en mai 2025.

Ce partenariat couvre huit pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Il vise à déployer des infrastructures numériques durables, à réduire la fracture numérique et à soutenir la montée en puissance de l’économie numérique et de l’inclusion financière.

Dans la sous-région, l’IFC avait déjà appuyé le groupe Sonatel, notamment au Sénégal, via des opérations de financement durable et de titrisation destinées à renforcer la 4G et la fibre optique.

Le Mali devient ainsi un terrain pilote de ce partenariat, avec un projet très orienté ruralité, climat et genre.


Pour le Mali, un enjeu de transformation et pas seulement de réseau

Pour le Mali, la question va bien au-delà du confort de navigation sur smartphone. La connectivité est désormais liée à :

  • l’accès aux services publics digitalisés ;
  • la continuité de l’éducation via des contenus en ligne ;
  • l’essor des services financiers numériques ;
  • la création de nouvelles opportunités d’emplois et de revenus dans le commerce en ligne et les services.

Ce financement s’intègre dans la stratégie nationale de transformation numérique du Mali, qui vise à faire du digital un pilier de la modernisation de l’économie. Il rejoint également la Stratégie de transformation numérique pour l’Afrique (2020-2030) portée par l’Union africaine, qui place le numérique au cœur de la croissance inclusive.


Une ambition assumée de “projet social par le numérique”

Dans leurs déclarations, les différents acteurs soulignent la dimension sociale de l’opération.

Pour Orange Mali, il s’agit de renforcer la couverture, d’améliorer la qualité de service et de permettre à davantage de Maliens d’entrer dans l’économie numérique, y compris dans les zones jusque-là mal ou pas desservies.

Pour l’IFC, ce financement illustre le rôle central du numérique dans le développement : plus de connectivité signifie plus de chances d’accéder aux services essentiels et aux opportunités économiques.

Pour la BOAD, le projet s’inscrit pleinement dans sa mission de soutien à l’intégration et au développement de l’UEMOA par les infrastructures et l’inclusion numérique.


Avec ces 80 millions d’euros, le Mali ne finance pas seulement des antennes et des câbles. Le pays achète du temps de rattrapage numérique, de la visibilité pour ses villages et des opportunités nouvelles pour ses femmes et ses jeunes.

Reste à voir si, au-delà des annonces, chaque antenne allumée et chaque foyer fibré se traduira réellement par ce qui manque le plus au pays : une connexion stable, non seulement à internet, mais aussi à l’avenir.

La Rédaction

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