Le géant du fret maritime suspend… puis reprend ses services logistiques à destination du Mali.
Le ciel logistique du Mali s’est brusquement assombri début novembre 2025, lorsque CMA CGM, l’un des plus grands transporteurs maritimes mondiaux, a annoncé la suspension temporaire de ses services routiers vers Bamako.
En cause : une double crise – sécuritaire et énergétique qui perturbe profondément la circulation des marchandises à travers les corridors ouest-africains.
Mais à peine la mesure annoncée, la compagnie française a fini par faire marche arrière. Une volte-face dictée à la fois par des pressions diplomatiques, des risques économiques majeurs et un impératif : ne pas fragiliser davantage un marché déjà asphyxié par la pénurie de carburant.
Une suspension symbolique dans un climat d’insécurité
Le 4 novembre 2025, plusieurs transitaires et chargeurs maliens ont reçu une note interne de CMA CGM :
« Le transport routier de cargaisons à destination du Mali est suspendu jusqu’à nouvel ordre. »
L’information a aussitôt circulé sur les réseaux logistiques et dans les médias spécialisés. Les camions chargés à Abidjan, Dakar, Tema ou Conakry ont été temporairement bloqués.
Les raisons ?
- L’insécurité croissante sur certains axes, notamment dans le sud-ouest malien et le nord de la Côte d’Ivoire ;
- Les retards d’acheminement dus à la pénurie de gasoil ;
- Et la hausse des coûts opérationnels, aggravée par les contrôles et difficultés d’assurance.
En clair : trop de risques, trop peu de carburant, et une chaîne logistique au bord de la rupture.
Une marche arrière pragmatique
Mais 48 heures plus tard, CMA CGM a revu sa décision.
Dans un communiqué cité par Reuters, le groupe a affirmé avoir « renoncé à suspendre ses activités vers le Mali », après des « discussions constructives » avec les autorités du pays et ses partenaires régionaux.
Cette volte-face illustre un équilibre délicat : entre préserver la sécurité de ses opérations et ne pas asphyxier un marché enclavé, qui dépend à plus de 80 % de ses importations via les ports de la sous-région.
Le Mali, maillon fragile du commerce ouest-africain
Enclavé et dépendant des corridors terrestres, le Mali subit de plein fouet les tensions énergétiques régionales.
Depuis plusieurs semaines, les files interminables devant les stations-service à Bamako rappellent l’extrême fragilité de l’approvisionnement.
Dans ce contexte, toute perturbation logistique a un effet domino : hausse des prix, ralentissement industriel et pénurie sur les marchés.
Pour CMA CGM, comme pour ses concurrents MSC et Maersk, le défi est d’assurer la continuité du commerce sans exposer ses équipes ni compromettre la rentabilité.
Entre logistique et diplomatie
Selon Financial Afrik, des discussions rapides ont eu lieu entre le gouvernement malien, le ministère ivoirien des Transports et des représentants du groupe français pour éviter une paralysie totale du corridor Abidjan-Bamako.
Des garanties sécuritaires et un appui temporaire sur les stocks stratégiques de carburant auraient été mis sur la table.
Une crise révélatrice
L’épisode CMA CGM n’est pas anecdotique : il met en lumière la dépendance critique du Mali vis-à-vis de ses corridors logistiques et l’urgence d’une diversification des routes commerciales.
Tant que la sécurité des axes et la disponibilité énergétique resteront précaires, le commerce malien avancera à cloche-pied.
Finalement, le groupe français n’a pas quitté la route malienne, mais l’alerte est donnée : si les camions reprennent leur trajet, la logistique, elle, reste sur le fil du rasoir.
La Rédaction



