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Énergie : Au Burkina Faso, la centrale de Komsilga s’apprête à changer d’échelle.

Le Burkina Faso avance, pas à pas mais résolument, vers un renforcement de sa souveraineté énergétique. À une vingtaine de kilomètres au sud de la capitale, la centrale thermique de Komsilga est engagée dans une nouvelle phase d’extension qui devrait porter sa capacité de production de 90 mégawatts (MW) à 140 MW. Un projet stratégique dans un pays où l’électricité reste à la fois un levier de développement et une ressource encore rare.


Un projet structurant soutenu par la BOAD

L’extension de la centrale de Komsilga repose sur un financement de 30 milliards de FCFA accordé par la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) à la Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL). Ce financement, approuvé en septembre 2024, permet la quatrième phase de développement du site, avec l’installation de 50 MW supplémentaires.

L’objectif est clair : augmenter rapidement l’offre électrique nationale, afin de répondre à une demande en forte croissance, notamment lors des périodes de pointe liées aux fortes chaleurs et à l’intensification des activités économiques.


Pourquoi Komsilga est stratégique

Mise en service progressivement depuis plusieurs années, la centrale thermique de Komsilga est aujourd’hui l’un des piliers du réseau électrique burkinabè. Située à proximité de Ouagadougou, elle joue un rôle clé dans la stabilisation de l’approvisionnement de la capitale et de sa périphérie.

Avec cette extension, la centrale devrait produire environ 350 gigawattheures (GWh) supplémentaires par an, un volume significatif pour un pays dont la capacité électrique totale installée avoisine 400 MW. À elle seule, Komsilga renforcera donc sensiblement la marge de manœuvre du système électrique national.


Des impacts concrets pour la population

Au-delà des chiffres techniques, le projet porte des enjeux sociaux et économiques majeurs. Selon les estimations, l’extension de la centrale permettra d’améliorer l’accès à l’électricité pour près de 217 000 personnes supplémentaires, dans un pays où moins de la moitié de la population est aujourd’hui raccordée au réseau électrique.

Le chantier devrait également générer environ 250 emplois directs, principalement durant la phase de construction, contribuant ainsi à l’économie locale. À plus long terme, une électricité plus abondante et plus stable est un facteur déterminant pour l’industrialisation, la création d’emplois et la compétitivité des entreprises.


Un secteur énergétique encore sous tension

Malgré les investissements engagés, le secteur énergétique burkinabè reste confronté à des défis structurels. La croissance démographique, l’urbanisation rapide et le développement des activités économiques exercent une pression constante sur le réseau.

Le pays dépend encore en partie des importations d’électricité et de centrales thermiques fonctionnant aux hydrocarbures, coûteuses et sensibles aux fluctuations des prix internationaux. C’est pourquoi les autorités multiplient les projets, combinant renforcement des capacités thermiques et déploiement du solaire, notamment avec des centrales photovoltaïques en cours ou en projet sur le même site de Komsilga.


Une pièce maîtresse dans la stratégie énergétique nationale

L’extension de Komsilga s’inscrit dans l’ambition affichée du Burkina Faso de porter son taux d’électrification à environ 70 % à moyen terme, contre près de 40 % actuellement. Une ambition élevée, mais jugée indispensable pour soutenir la transformation économique du pays.

Le soutien d’une institution régionale comme la BOAD souligne également la dimension sous-régionale de l’enjeu énergétique, dans un contexte où la sécurité énergétique devient un facteur clé de stabilité et de développement.


En doublant presque la capacité de l’une de ses centrales stratégiques, le Burkina Faso ne fait pas qu’ajouter des mégawatts à son réseau. Il investit dans le socle même de son développement économique et social. Si les promesses de Komsilga se concrétisent pleinement, l’électricité pourrait enfin cesser d’être un frein pour devenir un moteur discret, mais décisif de la croissance burkinabè.

La Rédaction

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