En 2025, la croissance en Afrique subsaharienne est tirée par le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Niger.
Alors que la conjoncture économique mondiale reste tendue, l’Afrique subsaharienne garde le cap d’une reprise modérée. Mais au cœur de cette région aux réalités contrastées, trois pays se distinguent par des perspectives particulièrement prometteuses : le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Niger. Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI), ces trois économies devraient enregistrer les plus fortes croissances du continent en 2025, soutenues par des projets énergétiques, des politiques de diversification et une relative stabilité macroéconomique.
Une région en quête d’élan, entre résilience et prudence
L’Afrique subsaharienne, dans son ensemble, devrait afficher une croissance moyenne de 3,8 % en 2025, selon le FMI. Ce chiffre marque une reprise modeste après plusieurs années marquées par les chocs successifs : pandémie, crise énergétique, flambée des prix alimentaires et tensions géopolitiques.
Pour de nombreux pays, l’enjeu n’est plus seulement de croître, mais de croître mieux — c’est-à-dire de transformer cette expansion en emplois durables, en revenus décents et en amélioration du niveau de vie.
Dans ce contexte, les trajectoires du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et du Niger apparaissent comme des exceptions qui confirment la règle : là où les politiques publiques s’alignent avec les projets structurants, les résultats suivent.
Sénégal : l’essor attendu du pétrole et du gaz
Avec une prévision de croissance de 8,4 % en 2025, le Sénégal est pressenti comme le champion de la croissance en Afrique subsaharienne.
Cette performance spectaculaire s’explique principalement par l’entrée en production de plusieurs gisements pétroliers et gaziers, dont le projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA) partagé avec la Mauritanie. Ces revenus énergétiques devraient considérablement renforcer les finances publiques et la balance commerciale du pays.
Mais derrière l’euphorie des chiffres, un défi se pose : comment s’assurer que la manne pétrolière bénéficie à l’ensemble de la population ? Le gouvernement sénégalais promet une gestion rigoureuse des recettes, axée sur le financement des infrastructures, de l’éducation et de la santé.
Côte d’Ivoire : une croissance tirée par la diversification
Deuxième locomotive régionale, la Côte d’Ivoire devrait enregistrer une croissance comprise entre 6,2 % et 6,3 % en 2025.
Le pays récolte les fruits d’une stratégie économique axée sur la diversification : agriculture, énergie, services, BTP et exportations. Les réformes fiscales et la modernisation du climat des affaires ont contribué à renforcer la confiance des investisseurs, tandis que les grands chantiers d’infrastructures (routes, énergie, zones industrielles) continuent de stimuler la demande intérieure.
Cependant, les autorités ivoiriennes sont conscientes d’un risque : que la croissance reste concentrée dans les grands centres urbains, laissant en marge les zones rurales où vivent encore plus de 40 % des populations pauvres.
Niger : le boom énergétique au service de la relance
Souvent en retrait sur le plan économique, le Niger s’apprête à réaliser une percée majeure avec une prévision de 6,6 % de croissance en 2025.
Là encore, les hydrocarbures jouent un rôle clé. Le développement du pipeline Niger-Bénin et l’exploitation de nouveaux gisements pétroliers offrent au pays de nouvelles perspectives de recettes. Malgré les défis sécuritaires et institutionnels, Niamey entend utiliser cette dynamique pour renforcer ses infrastructures et son indépendance énergétique.
Mais, à l’instar du Sénégal, le Niger devra veiller à ce que cette croissance ne se limite pas à un secteur extractif peu générateur d’emplois.
Des chiffres prometteurs, mais un impact social à construire
Au-delà de la performance économique, la véritable question est celle du retentissement social de cette croissance. Les trois pays affichent des trajectoires impressionnantes, mais les inégalités, la pauvreté et le chômage des jeunes demeurent des réalités massives.
Selon la Banque mondiale, la part de la population vivant sous le seuil de pauvreté en Afrique subsaharienne reste supérieure à 30 %, avec une pression démographique qui pourrait réduire les effets de la croissance sur le long terme.
L’Afrique a donc besoin d’une croissance inclusive, capable de transformer les revenus du pétrole, du cacao ou de l’uranium en emplois, en PME dynamiques et en innovation.
Les chiffres sont bons, les perspectives alléchantes, mais la leçon est simple : la croissance africaine ne se mesure pas seulement au PIB, mais à la capacité des nations à transformer la richesse en bien-être.
Et si le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Niger incarnent aujourd’hui l’espoir d’une Afrique plus forte, il leur reste à prouver que cette force saura, demain, se partager.
La Rédaction

