
Eco : La CEDEAO confirme sa monnaie unique pour 2027, mais le chemin reste semé d’embûches.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a réaffirmé son ambition de lancer sa monnaie unique, l’Eco, d’ici 2027. L’annonce a été officialisée lors de la 11ᵉ session du Conseil de convergence, organisée à Abuja début mars 2025, en présence des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales des quinze pays membres.
Une idée ancienne, plusieurs fois reportée
Le projet d’une monnaie unique ouest-africaine remonte à plus de deux décennies. Initialement prévue pour 2020, la mise en circulation de l’Eco a été retardée à plusieurs reprises à cause des crises économiques, de la pandémie de COVID‑19 et des instabilités politiques qui ont frappé certains États membres.
En 2021, une nouvelle feuille de route a été adoptée, fixant l’échéance définitive à 2027, avec un lancement progressif basé sur le principe : « les pays prêts commenceront, les autres suivront ».
Des critères de convergence exigeants
Pour intégrer l’Eco, chaque pays doit respecter 10 critères macroéconomiques dont :
- Inflation à un chiffre,
- Déficit budgétaire inférieur à 3 % du PIB,
- Dette publique soutenable,
- Stabilité des réserves extérieures.
À ce jour, peu d’économies de la région remplissent toutes ces conditions. Les pays de l’UEMOA, déjà liés par le franc CFA, sont considérés comme les plus avancés, tandis que certains pays hors UEMOA peinent à stabiliser leur cadre macroéconomique.
Enjeux économiques et politiques
La mise en place de l’Eco vise plusieurs objectifs stratégiques :
- Renforcer le commerce intra-régional, encore faible par rapport aux échanges avec l’extérieur,
- Réduire la dépendance aux devises étrangères,
- Accroître l’attractivité pour les investisseurs internationaux,
- Poser les bases d’une souveraineté monétaire ouest-africaine.
Cependant, le projet soulève des débats :
- Faut-il conserver un ancrage à l’euro comme pour le franc CFA ou basculer vers un régime plus flexible ?
- Comment gérer les disparités économiques entre pays exportateurs de pétrole, producteurs agricoles et économies fragilisées par l’insécurité ?
Pour les experts, la réussite de l’Eco dépendra de la volonté politique, du respect strict des critères de convergence et de la création d’institutions monétaires solides, dont une banque centrale unique pour la région.
Une étape clé pour l’intégration ouest-africaine
L’Eco représente bien plus qu’un changement de billet : il incarne la volonté de la CEDEAO de construire un marché régional intégré, capable de rivaliser avec d’autres blocs économiques africains et de peser davantage dans les négociations internationales.
Si l’échéance de 2027 est respectée, ce sera une étape historique pour la région, marquant la transition vers une souveraineté monétaire progressive et une intégration économique renforcée.
La Rédaction