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Dette publique : Dakar joue cartes sur table et rassure les marchés.

Entre transparence, engagements fermes et yeux rivés sur le FMI, le Sénégal tente de reprendre la main sur sa trajectoire financière.

Alors que les révélations sur des dettes non déclarées auraient pu plonger le pays dans un tunnel d’incertitudes, les autorités sénégalaises ont choisi une stratégie simple, presque audacieuse : dire clairement les choses, assumer, et avancer. Une méthode qui, étrangement, semble plutôt fonctionner sur les partenaires financiers internationaux.


Un message martelé : pas de restructuration, mais des engagements respectés

Le ministre des Finances, Cheikh Diba, l’a répété devant les investisseurs :
le Sénégal n’envisage aucune restructuration.

Autrement dit : “Nous allons payer, et nous allons le faire proprement.”
Une position qui tranche avec la tendance de plusieurs économies africaines confrontées à des tensions budgétaires.

Le gouvernement parle désormais de “gestion proactive des passifs” :

  • optimisation des remboursements,
  • éventuel rééchelonnement interne,
  • mais aucune renégociation qui ferait fuir les marchés.

Une manière de protéger l’image du pays comme emprunteur fiable — un capital précieux quand on dépend encore des marchés internationaux.


Le FMI, arbitre vigilant mais relativement confiant

Deux missions du FMI, en août puis en novembre 2025, ont passé au peigne fin les comptes du Sénégal.
Verdict ?

Des progrès “significatifs”, notamment dans la transparence budgétaire et la gestion de la dette.
Un engagement fort des autorités à corriger les anomalies.

Le Fonds se dit même prêt à envisager un nouveau programme, si les réformes continuent.
En langage diplomatique du FMI, c’est presque un compliment.

Mais l’institution prévient : la trajectoire reste fragile. Pour tenir ses promesses, Dakar devra :

  • renforcer sa gouvernance financière,
  • assainir ses comptes,
  • et élargir ses recettes — surtout fiscales.

Transparence : une obligation devenue stratégie

Depuis juillet 2025, le ministère de l’Économie et des Finances publie régulièrement des données actualisées sur :

  • le stock de dette,
  • sa composition,
  • les échéances.

Objectif : restaurer la confiance, notamment après la dégradation de la note souveraine à “B-” par S&P.
Là encore, Dakar a choisi une approche directe :
Le gouvernement a “pris acte” de la dégradation et assuré ses partenaires que les engagements seront tenus.

Une posture assumée… et saluée dans certains cercles financiers.


Les marchés répondent : une demande solide pour les obligations sénégalaises

En août 2025, le Sénégal a levé 364 milliards FCFA sur le marché régional.
Résultat :
Sursouscription, preuve que les investisseurs, malgré les secousses, ne désertent pas.

Même les euro-obligations du pays ont plutôt bien résisté après les dégradations de notation.
Quand les marchés tiennent, c’est souvent bon signe.


La dimension politique : entre explications et recadrages

Le ministre de l’Économie, Abdourahmane Sarr, n’a pas hésité à répondre publiquement aux critiques de l’ancien président Macky Sall concernant la dette publique.
Le message est clair :
Le Sénégal reste solvable et capable d’accéder aux marchés financiers.

Ce recadrage a aussi été lu comme une volonté d’éviter la politisation excessive du débat sur la dette un thème sensible, mais essentiel pour rassurer.


Et maintenant ?

La stratégie sénégalaise repose sur trois piliers :

  1. Dire ce qu’on doit, sans maquiller.
  2. Prendre des engagements, sans demander d’aumône.
  3. Convaincre qu’on peut tenir le cap, même dans un contexte mondial tendu.

Mais la suite dépendra d’un facteur essentiel :
la capacité du pays à accélérer les réformes internes et à relancer sa croissance.

La transparence est une bonne arme ; la crédibilité durable, elle, se construit dans la durée.
Le Sénégal avance, mais les marges de manœuvre restent minces. L’avenir dira si cette stratégie de vérité portera ses fruits… ou s’il faudra encore serrer un peu plus la ceinture.

Au final, Dakar a choisi la voie la plus risquée… mais aussi la plus noble : assumer, rassurer et prouver. Après tout, sur les marchés comme en politique, la confiance se gagne rarement en chuchotant.

La Rédaction

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