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COP30 : Près de 50 millions d’euros déjà mobilisés pour accélérer la transition énergétique en Afrique.

À la COP30, qui se tient à Belém au Brésil, le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a annoncé de nouveaux engagements majeurs en faveur de la transition énergétique du continent. Son Fonds pour l’énergie durable en Afrique (SEFA) a mobilisé près de 50 millions d’euros de nouvelles promesses de financement, confirmant le rôle central de la Banque dans la bataille pour une transition juste, au moment où plus de 600 millions d’Africains vivent encore sans électricité.


SEFA, bras armé de la BAD pour une transition juste

Selon un communiqué officiel de la Banque africaine de développement, le Fonds pour l’énergie durable en Afrique (SEFA) a profité de la COP30 pour annoncer près de 50 millions d’euros de nouveaux engagements destinés à soutenir une transition énergétique “juste et équitable” sur le continent.

Ces ressources supplémentaires viennent renforcer un fonds déjà positionné sur :

  • le développement des énergies renouvelables (solaire, éolien, hydro, biomasse),
  • les réseaux électriques et solutions de stockage,
  • l’efficacité énergétique dans les bâtiments, l’industrie et les services,
  • et le soutien à des solutions innovantes dans le cadre de la transition énergétique.

D’après la BAD, ces engagements s’inscrivent dans une dynamique plus large, avec plusieurs instruments financiers testés en amont de la COP30 pour aider les pays africains à faire face au changement climatique, notamment via le financement de projets d’énergie propre et de résilience.


“Mission 300” : former les ingénieurs africains de la transition

La Banque ne se contente pas de mobiliser des ressources financières. Toujours selon la BAD, une partie de ces près de 50 millions d’euros est liée à l’initiative “Mission 300”, qui vise à former 300 experts africains – ingénieurs, planificateurs, spécialistes de l’énergie – pour accompagner la conception, la mise en œuvre et le suivi des politiques de transition énergétique sur le continent.

L’idée est claire : sans compétences locales, les financements restent sous-utilisés ou mal orientés. “Mission 300” doit donc :

  • renforcer les capacités techniques des administrations et des agences nationales de l’énergie,
  • soutenir la montée en expertise des services publics d’électricité et des régulateurs,
  • et alimenter un vivier de talents africains capables de piloter de grands projets d’infrastructures énergétiques.

Un contexte de forte pression climatique et énergétique

La COP30 de Belém se déroule dans un contexte où l’Afrique est en première ligne face aux chocs climatiques. La BAD rappelle que neuf des dix pays les plus affectés par le changement climatique au monde sont africains. Sécheresses, inondations, cyclones et événements extrêmes menacent déjà la sécurité alimentaire, les infrastructures et les économies locales.

Dans le même temps, le continent affronte une pauvreté énergétique massive :

  • plus de 600 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité ;
  • des centaines de millions d’autres n’ont accès qu’à des services énergétiques précaires et coûteux ;
  • de nombreuses économies restent fortement dépendantes des combustibles fossiles, en particulier pour la production électrique et les carburants.

C’est ce double défi – urgence climatique et pauvreté énergétique – qui rend la notion de “transition juste” centrale à la COP30 : il s’agit de décarboner les systèmes énergétiques africains sans condamner le continent à rester dans l’obscurité.


Une transition “juste” qui inclut les énergies de transition

Dans ses prises de parole à la COP30, la BAD insiste sur la nécessité d’une transition énergétique “juste et équitable” pour l’Afrique. D’après la Banque, cela implique :

  • de développer massivement les renouvelables, pour réduire les émissions et diversifier les sources d’énergie ;
  • mais aussi de reconnaître le rôle des combustibles de transition, comme le gaz naturel, pour garantir la sécurité d’approvisionnement et soutenir l’industrialisation ;
  • de tenir compte des réalités sociales et économiques locales, où l’accès à l’énergie reste une question de survie, pas seulement de climat.

Cette position est partagée par plusieurs institutions africaines, dont Afreximbank, qui a également profité de la COP30 pour plaider en faveur d’une transition énergétique alignée sur les objectifs d’industrialisation du continent. Selon Afreximbank, une transition mal calibrée risquerait de bloquer le développement industriel plutôt que de l’accompagner.


Des montants encore modestes face aux besoins colossaux

Près de 50 millions d’euros de nouveaux engagements, c’est une bonne nouvelle, mais cela reste modeste au regard des besoins réels.

Les estimations convergent : l’Afrique devrait mobiliser plusieurs dizaines de milliards de dollars par an pour financer sa transition énergétique – modernisation des réseaux, déploiement de renouvelables, électrification rurale, efficacité énergétique, adaptation climatique.

Dans ce contexte, les annonces de la BAD jouent surtout un rôle de :

  • signal politique fort à la COP30, montrant que les institutions africaines ne viennent pas les mains vides ;
  • effet de levier, car ces près de 50 millions d’euros peuvent déclencher d’autres financements publics et privés, via cofinancements, garanties et instruments de partage de risques ;
  • “proof of concept” pour des mécanismes financiers innovants, susceptibles d’être amplifiés dans les prochaines années.

L’enjeu de la crédibilité : passer des annonces aux projets bancables

Pour les observateurs de la finance climat, la question centrale n’est plus seulement celle des annonces de montants, mais celle de la “bancarisation” des projets :

  • pipeline de projets suffisamment mûrs ;
  • cadres réglementaires et tarifaires prévisibles ;
  • capacités locales pour structurer, négocier et exécuter les contrats ;
  • stabilité politique et gouvernance des entreprises publiques d’électricité.

La BAD, via SEFA et d’autres instruments, se positionne comme un acteur capable de préparer les projets : assistance technique, études de faisabilité, structuration financière, accompagnement des réformes sectorielles. Selon la Banque, c’est ce travail en amont qui conditionne la capacité à transformer des engagements comme ces 50 millions d’euros en centrales solaires, mini-réseaux, lignes électriques et solutions d’efficacité énergétique concrètes.


Avec ces près de 50 millions d’euros mobilisés à la COP30, la BAD envoie un message clair : l’Afrique ne se contente plus de réclamer des financements climat, elle commence à structurer ses propres instruments pour piloter sa transition énergétique. Reste à changer d’échelle. Car si ces premiers engagements montrent la voie, la bataille se gagnera sur la capacité du continent à transformer ce type d’enveloppe en milliards d’investissements et en kilowatts accessibles pour les Africains qui, aujourd’hui encore, vivent dans le noir.

La Rédaction

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