Conteneurs maliens à Dakar : Bamako et Dakar désamorcent la crise, pénalités levées et compte à rebours lancé.
Après plusieurs mois de tensions logistiques et de surcoûts pour les opérateurs économiques maliens, une issue concrète a été trouvée à la situation des conteneurs maliens en souffrance au Port autonome de Dakar. À la suite d’échanges diplomatiques et techniques entre les autorités sénégalaises et maliennes, il a été décidé de lever les pénalités portuaires appliquées aux marchandises bloquées, tout en fixant un ultimatum clair pour leur enlèvement.
Cette décision marque un tournant dans la gestion d’un dossier devenu sensible, tant pour les importateurs maliens que pour la fluidité des opérations du principal port de transit du Mali.
Une accumulation de conteneurs devenue problématique
Le problème trouve son origine dans les perturbations du corridor Dakar–Bamako, axe vital pour l’approvisionnement du Mali, pays enclavé dont une large part des importations transite par le Sénégal.
Restrictions de circulation de certains camions, ralentissements logistiques et congestion portuaire ont entraîné, courant 2025, une accumulation massive de conteneurs maliens sur les terminaux du port de Dakar.
À la fin du mois de novembre 2025, plus de 2 000 conteneurs destinés au Mali étaient recensés en situation de souffrance, générant des frais de surestaries, de magasinage et de stationnement élevés, parfois supérieurs à la valeur de la marchandise elle-même pour certains opérateurs.
Une décision exceptionnelle : les pénalités portuaires annulées
Face à la gravité de la situation, les autorités sénégalaises, en concertation avec leurs homologues maliens, ont acté une annulation exceptionnelle des pénalités portuaires appliquées aux conteneurs maliens concernés.
Cette mesure concerne notamment :
- les frais de surestaries,
- les frais de magasinage,
- et certaines pénalités liées à la durée de stationnement.
Objectif affiché : soulager les opérateurs économiques maliens, faciliter l’évacuation rapide des marchandises et désengorger durablement les installations portuaires de Dakar.
Pour le Port autonome de Dakar, cette décision s’inscrit aussi dans une logique de solidarité économique régionale, mais surtout de préservation de la performance opérationnelle du port, fortement impactée par l’encombrement prolongé des terminaux.
Un ultimatum clair : trois mois pour enlever les marchandises
La levée des pénalités n’est toutefois pas sans contrepartie.
Les autorités ont fixé un délai ferme de trois mois aux importateurs et transitaires maliens pour procéder à l’enlèvement effectif de leurs conteneurs.
Passé ce délai :
- les mesures exceptionnelles prendront fin,
- les pénalités pourraient être réappliquées,
- et des actions plus contraignantes pourraient être envisagées pour les conteneurs non retirés.
Selon les données communiquées par le Conseil malien des chargeurs (CMC), les premiers effets de la mesure sont déjà visibles :
Le nombre de conteneurs maliens en souffrance est passé de plus de 2 000 unités à moins de 1 000 en l’espace de quelques semaines, preuve d’une reprise active des opérations d’évacuation.
Un enjeu économique majeur pour le Mali
Au-delà de l’aspect logistique, ce dossier touche au cœur de l’économie malienne. Les blocages portuaires ont eu un impact direct sur :
- les coûts d’importation,
- l’approvisionnement du marché intérieur,
- et la trésorerie des entreprises.
La résolution progressive de cette crise est donc perçue comme une bouffée d’oxygène pour le secteur privé, dans un contexte régional déjà marqué par des défis sécuritaires et économiques.
Un signal fort de coopération entre Bamako et Dakar
Cette issue favorable illustre la capacité du Mali et du Sénégal à privilégier le dialogue économique pragmatique, malgré un environnement régional parfois tendu.
Elle confirme également le rôle stratégique du port de Dakar comme porte maritime du Mali, et la nécessité d’une coordination permanente sur les questions de transit et de transport.
Quand des conteneurs immobilisés deviennent un enjeu diplomatique, c’est que le commerce n’est jamais une simple affaire de logistique. En levant les pénalités tout en imposant un calendrier strict, Dakar et Bamako ont choisi la voie de l’équilibre : soulager l’économie aujourd’hui, responsabiliser les acteurs pour demain. Reste désormais à transformer cette accalmie en leçon durable pour sécuriser, enfin, le corridor vital du Mali.
La Rédaction


