
Burkina Faso : Une nouvelle taxe pour contraindre les propriétaires à valoriser leurs terrains laissés à l’abandon.
Le Burkina Faso durcit le ton face à la spéculation foncière. Réuni en conseil des ministres le 4 septembre, le gouvernement a adopté une nouvelle taxe visant les parcelles non bâties et non mises en valeur depuis plus de cinq ans. Cette mesure, intégrée au budget rectificatif 2025, ambitionne de réduire l’anarchie foncière, de rendre les terrains plus accessibles et de stimuler l’investissement immobilier.
Une taxe progressive pour décourager l’immobilisme foncier
Concrètement, la taxe varie entre 750 et 1 000 FCFA par mètre carré, selon la localisation de la parcelle. Mais ce n’est pas tout : le montant sera majoré de 20 % chaque année tant que le terrain reste inutilisé. L’idée est simple : plus un propriétaire garde sa parcelle vierge, plus la note s’alourdit.
Selon Aboubacar Nacanabo, ministre de l’Économie et des Finances, l’objectif n’est pas de remplir les caisses de l’État, mais bien de pousser les détenteurs à bâtir ou céder leurs terrains. « Beaucoup achètent uniquement pour attendre une hausse des prix et revendre plus cher. Pendant ce temps, d’autres peinent à trouver des espaces pour construire », a-t-il expliqué sur les antennes de la télévision nationale.
Mettre fin à la spéculation et fluidifier le marché
Dans un contexte où la spéculation foncière entretient une flambée des prix, le gouvernement mise sur cette réforme pour assainir le marché. L’État veut libérer les parcelles dormantes afin qu’elles puissent servir à des projets d’habitat, d’entreprises ou d’infrastructures. Cette dynamique vise à rendre le foncier plus abordable pour les ménages et plus attractif pour l’investissement productif.
Des exonérations prévues pour éviter les injustices
Le gouvernement a toutefois pris soin d’instaurer des exceptions. Certaines situations échappent à la taxation :
- Parcelles en litige judiciaire ou administratif ;
- Terrains en attente d’une autorisation de construire ou d’un financement (délai d’un an accordé) ;
- Propriétaires disposant d’un certificat d’indigence ;
- Héritiers mineurs.
Ces cas de figure traduisent une volonté de ne pas pénaliser ceux qui sont réellement empêchés d’utiliser leurs terrains.
Une réforme budgétaire et urbanistique
Inscrite dans le projet de loi de finances rectificative 2025, cette taxe ne vise pas seulement à augmenter les recettes fiscales. Elle s’inscrit dans une stratégie plus large d’assainissement du foncier urbain, où la spéculation a créé une tension insoutenable entre une minorité de spéculateurs et une majorité en quête de logements.
Un pari risqué mais nécessaire
Le gouvernement du Burkina Faso prend ici un pari audacieux : contraindre par la fiscalité plutôt que par l’expropriation. Cette mesure pourrait accélérer la construction, fluidifier le marché et faire baisser les prix. Mais elle risque aussi de rencontrer des résistances chez les grands détenteurs fonciers.
Entre pression fiscale et volonté d’assainir le marché, cette réforme pourrait marquer un tournant dans la gestion foncière du Burkina Faso. Reste à voir si les propriétaires choisiront de bâtir, vendre… ou continuer à payer chaque année le prix de l’inaction.
La Rédaction