Burkina Faso – Sarama Resources réclame 242 millions USD pour expropriation : Un bras de fer minier à haute tension.
Le contentieux entre l’État du Burkina Faso et la société minière canadienne Sarama Resources Ltd prend une tournure majeure. L’entreprise a officiellement déposé, fin octobre 2025, son mémoire de réclamation d’un montant de 242 millions de dollars américains devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), organe de la Banque mondiale.
En jeu : le permis d’exploration de Tankoro 2, un actif aurifère stratégique dans la ceinture de Houndé, au sud-ouest du pays.
Le litige : un permis révoqué, une plainte internationale
Tout commence en août 2023, lorsque le ministère burkinabè des Mines retire le permis d’exploration Tankoro 2 à Sarama Resources, invoquant des irrégularités administratives.
Le site en question abrite une partie du projet aurifère Sanutura, que la compagnie détenait à 100 % et évaluait à plusieurs millions d’onces d’or.
Sarama dénonce une « expropriation illégale », contraire au traité bilatéral d’investissement entre le Canada et le Burkina Faso, qui garantit la protection des capitaux étrangers.
En 2024, la société introduit une procédure d’arbitrage international au CIRDI (ICSID en anglais). L’affaire, désormais estimée à 242 millions USD de préjudice, pourrait devenir l’un des plus gros différends miniers en Afrique de l’Ouest.
242 millions USD de dommages réclamés
Selon le site australien ShareCafe (3 novembre 2025), Sarama a déposé son mémoire (“memorial”) détaillant les préjudices subis et réclamant 242 millions USD “plus intérêts” à l’État burkinabè.
Ce montant représente la valeur actualisée du projet Sanutura, les investissements réalisés, les pertes d’opportunité et les coûts liés à la révocation du permis.
La compagnie a par ailleurs obtenu un financement de litige de 4,4 millions USD auprès d’un fonds spécialisé pour couvrir les frais judiciaires.
Un signe que l’affaire est jugée sérieuse par les investisseurs institutionnels qui soutiennent le dossier.
Entre souveraineté minière et sécurité juridique
Du côté de Ouagadougou, aucune réaction officielle n’a encore été publiée sur le fond du dossier.
Mais selon plusieurs observateurs, ce bras de fer illustre les tensions croissantes entre les États africains et les compagnies étrangères dans un contexte de réaffirmation de la souveraineté sur les ressources naturelles.
Le Burkina Faso, qui traverse une période de transition politique et sécuritaire complexe, mise davantage sur la nationalisation partielle et la valorisation locale des ressources minières.
Cependant, ce type de contentieux devant le CIRDI pourrait ternir son attractivité auprès des investisseurs étrangers, notamment dans le secteur aurifère, moteur essentiel de l’économie nationale.
Une affaire symbole d’un tournant africain
Pour de nombreux analystes, cette affaire dépasse le seul cadre burkinabè.
Elle reflète une tendance régionale : celle d’États africains qui reprennent la main sur leurs ressources stratégiques, quitte à s’exposer à des litiges coûteux devant les tribunaux internationaux.
Dans ce bras de fer, Sarama Resources mise sur la sécurité juridique internationale, tandis que le Burkina Faso défend son droit souverain de réguler l’exploitation minière sur son territoire.
Le verdict du CIRDI, attendu dans le courant de 2026, sera observé de près : il pourrait influencer la manière dont d’autres pays africains gèrent leurs futurs différends miniers.
L’or du Faso, un trésor convoité mais juridiquement piégé
Qu’il s’agisse de défense de souveraineté ou de dérive réglementaire, l’affaire Sarama montre qu’en Afrique, l’or attire toujours les convoitises… et les procès.
Entre la quête d’indépendance minière et la nécessité d’assurer la confiance des investisseurs, le Burkina Faso marche sur un fil d’or — à la fois précieux et dangereux.
La Rédaction
																													


