
Burkina Faso : Produire la moitié de son électricité, un cap historique franchi.
Le Burkina Faso vient de franchir une étape clé dans son histoire énergétique : pour la première fois, la production nationale d’électricité couvre plus de la moitié des besoins du pays. C’est ce que révèle le rapport annuel 2024 de l’Autorité de régulation du secteur de l’énergie (ARSE), présenté le 12 août 2025 à Ouagadougou au Premier ministre Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo.
Avec 1,41 milliard de kWh produits localement contre 1,13 milliard en 2023, le pays enregistre une progression de 24,16 %. Ce chiffre marque une avancée majeure pour un pays longtemps dépendant des importations en provenance du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Togo.
Une montée en puissance des producteurs privés
Le rapport met en lumière un fait marquant : la production privée a plus que doublé en un an.
Elle est passée de 100 413 MWh en 2023 à 227 370 MWh en 2024, soit une hausse spectaculaire de 126,4 %.
Cette croissance est portée par l’entrée en service de nouvelles centrales solaires et thermiques opérées par des investisseurs privés, aux côtés de la SONABEL, l’opérateur public.
Un mix énergétique dominé par le thermique… mais le solaire progresse
En 2024, le thermique (diesel et fioul) représente encore 36 % de la production nationale. Mais le solaire gagne du terrain avec 11,5 %, contre moins de 10 % il y a deux ans.
L’année a été marquée par l’installation de 161 MWc supplémentaires de panneaux solaires, grâce à des projets tels que les centrales de Zina (26,6 MWc), Kodeni (38 MW) et Pâ (30 MW).
L’hydroélectricité, bien que marginale, assure 3,5 % de l’offre.
Un réseau électrique en expansion
Pour accompagner cette progression, deux nouvelles lignes électriques stratégiques ont été mises en service :
- Pâ–Diébougou (225 kV)
- Zano–Ouaga–Bomboré (132 kV)
Sur l’ensemble du territoire, 5 811 postes HTA, 16 452 km de lignes basse tension et 8 486 km de lignes moyenne tension ont été construits, renforçant la fiabilité de l’approvisionnement.
Des défis encore présents
Malgré ces progrès, le Burkina Faso reste dépendant à 49 % des importations. En 2023, 80,8 % de l’électricité importée provenait du Ghana, le reste étant fourni par la Côte d’Ivoire et le Togo.
Par ailleurs, les interconnexions électriques ont connu plusieurs incidents en 2024, provoquant des coupures ponctuelles.
Vers une indépendance énergétique ?
Avec plus de 3 000 heures d’ensoleillement par an et un potentiel hydroélectrique encore exploitable, le pays a des atouts solides pour réduire sa dépendance extérieure.
Les autorités visent 50 % d’électrification rurale d’ici 2028, contre à peine 5,49 % en 2022.
En couvrant désormais la moitié de ses besoins en électricité grâce à sa propre production, le Burkina Faso allume une lueur d’espoir pour son indépendance énergétique. Le chemin reste long, mais le cap est tracé : miser sur le soleil et sur les infrastructures locales pour que, demain, chaque foyer burkinabè puisse s’éclairer sans dépendre des frontières.
La Rédaction