
Burkina Faso : L’État reprend la main sur la mine d’or de Taparko après des années de litiges.
Coup de tonnerre dans le secteur minier burkinabè. Le gouvernement a décidé, lors du Conseil des ministres du 11 septembre, de retirer à Taparko Mining S.A. son permis d’exploitation industrielle de grande mine d’or dans la province du Namentenga, région du Centre-Nord.
Une décision lourde de conséquences, mais présentée comme nécessaire pour préserver l’ordre public et l’image du secteur aurifère national.
Un permis renouvelé, puis brutalement retiré
En septembre 2024, l’État avait pourtant renouvelé le permis de Taparko pour cinq ans, tablant sur une production de 7,6 tonnes d’or et des retombées fiscales estimées à 61 milliards FCFA.
L’entreprise s’était engagée à réduire sa superficie de 670 à 182 km², justifiant ce choix par les contraintes sécuritaires.
Mais entre litiges judiciaires, différends internes et suspicions d’irrégularités, le climat autour de la société s’est rapidement dégradé. Face aux risques de blocages et aux retombées limitées, l’exécutif a finalement tranché : retrait du permis et reprise en main directe par l’État, conformément au nouveau code minier adopté en juillet 2024.
Une mine au cœur des turbulences
La mine de Taparko, mise en production en 2007, a longtemps été un actif stratégique pour le Burkina Faso. Mais les difficultés se sont accumulées. En avril 2022, l’opérateur avait suspendu ses activités, invoquant l’insécurité dans la commune de Yalgo.
En mai 2023, la société malienne Skygold Resources annonçait sa reprise, mais sans relancer réellement la production. Résultat : un effondrement spectaculaire.
- 2021 : 2,92 tonnes d’or produites, chiffre d’affaires de 94,5 milliards FCFA.
- 2022 : à peine 353 kg d’or, pour 12,6 milliards FCFA de revenus.
Un secteur vital pour l’économie burkinabè
Le Burkina Faso est aujourd’hui le premier producteur d’or de l’UEMOA. En 2023, le pays a atteint un record de 57,35 tonnes, soit +10% par rapport à 2022. La filière aurifère pèse lourd :
- 2 161 milliards FCFA de valeur produite,
- 581 milliards FCFA de revenus pour l’État,
- 14,8% du PIB,
- 75,5% des exportations,
- et environ 25 000 emplois directs.
Dans ce contexte, le message du gouvernement est clair : les concessions ne sont pas éternelles. Si les sociétés ne tiennent pas leurs engagements, l’État se réserve le droit de reprendre le contrôle.
Un tournant stratégique
Ce retrait illustre la volonté de Ouagadougou d’associer souveraineté économique et discipline contractuelle. L’objectif affiché est simple : exploiter directement les ressources afin de maximiser les retombées économiques et sociales, à un moment où les besoins financiers sont immenses, notamment pour soutenir les populations et renforcer la réponse sécuritaire.
En reprenant Taparko, l’État burkinabè envoie un signal fort : l’or est un levier stratégique pour l’avenir, mais sa gestion doit être claire, transparente et conforme aux intérêts du pays.
La Rédaction