
Banques nigériennes : Le maillon faible de l’UEMOA en matière de qualité du crédit.
Dans l’Union monétaire ouest‑africaine (UEMOA), le Niger s’impose comme l’un des points de vulnérabilité du système bancaire régional. Sa faible profondeur financière et la dégradation continue de la qualité de ses crédits menacent à la fois la croissance nationale et la stabilité de la zone.
Un accès au crédit très limité pour le secteur privé
Au Niger, l’accès des entreprises au financement reste extrêmement restreint. Fin 2021, les prêts bancaires au secteur privé représentaient 13 % du PIB, contre 24 % en moyenne dans l’UEMOA (FMI).
Ce déficit de financement freine la croissance des petites et moyennes entreprises (PME) et limite la capacité du pays à transformer son économie, largement dépendante de l’agriculture et des industries extractives.
Une qualité du crédit préoccupante
Le secteur bancaire nigérien est également confronté à des taux élevés de créances douteuses :
- 21 % des prêts bancaires étaient non performants fin 2021, plus du double de la moyenne régionale (~10 %),
- Dans la microfinance, le taux de NPL atteignait 40 %, contre 8 % dans l’UEMOA.
Ces chiffres traduisent la fragilité de l’écosystème financier et le risque systémique qu’il représente pour le pays. Selon le FMI, le ratio NPL net/capital a même atteint 146 % en 2023, contre 75 % deux ans plus tôt (FMI).
Un environnement économique contraignant
Cette fragilité bancaire trouve ses origines dans plusieurs facteurs :
- Une faible diversification de l’économie, centrée sur quelques produits primaires ;
- Une insécurité persistante qui freine l’investissement ;
- Un accès limité à l’information financière qui augmente le risque pour les prêteurs ;
- Une dépendance aux financements extérieurs, rendant le marché domestique peu attractif.
La combinaison de ces facteurs explique la frilosité des banques et la difficulté à offrir des crédits abordables et durables.
Des conséquences pour l’UEMOA et la croissance nigérienne
Cette situation ne concerne pas uniquement le Niger. Un système bancaire fragilisé au sein de l’UEMOA constitue une source de vulnérabilité régionale, car il peut limiter la capacité du marché financier à soutenir la croissance et à mobiliser l’épargne domestique.
Pour le Niger, la conséquence directe est une croissance bridée et une dépendance accrue aux financements internationaux, souvent plus coûteux.
La faiblesse du crédit bancaire au Niger illustre les défis de la transformation structurelle en Afrique de l’Ouest. Sans réforme profonde du secteur financier, appuyée par une meilleure gestion des risques et le renforcement de la gouvernance bancaire, le pays restera le maillon fragile de l’UEMOA, au détriment de sa croissance et de l’intégration économique régionale.
La Rédaction