
AGOA à la croisée des chemins : Vers une reconduction sous conditions ?
Une législation en expiration mais pas encore enterrée !
La African Growth and Opportunity Act (AGOA), programme clé du commerce entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne, est officiellement arrivée à expiration le 30 septembre 2025. Ce dispositif permettait aux pays éligibles d’exporter certains produits vers les États-Unis sans droits de douane. Cependant, face aux risques de ruptures commerciales pour bon nombre d’exportateurs africains, des voix américaines et africaines s’activent pour envisager une reconduction, peut-être temporaire ou réformée.
Les enjeux pour les économies africaines
Pour plusieurs pays africains, l’AGOA demeure un pilier de leur stratégie d’exportation, notamment dans les secteurs du textile, de l’agroalimentaire ou de la transformation légère. Sans accès préférentiel, certaines industries locales pourraient perdre leur compétitivité face à des concurrents dans d’autres marchés.
L’expiration de l’AGOA crée une incertitude : faut-il revenir à des droits de douane standards ? Quelle stabilité pour les entreprises exportatrices ? Quel impact sur l’emploi ? L’enjeu est crucial, car beaucoup de ces exportations dépendent directement de l’accès au marché américain sans entraves tarifaires.
Washington parle d’extension — mais sous conditions
Aux États-Unis, le débat est en cours. L’administration et certains parlementaires, conscients des intérêts stratégiques en jeu, semblent pencher vers une prolongation de l’AGOA, mais avec des modifications possibles.
Certains envisagent une reconstruction de l’acte : réduire le nombre de produits éligibles, durcir les critères d’éligibilité (bonne gouvernance, respect des droits humains, normes environnementales), ou limiter la durée de l’extension (un ou deux ans). Ces ajustements viseraient à rendre le dispositif plus ciblé, plus responsable et moins généreux pour les pays les moins réformistes.
Qu’est-ce que cela changerait ?
Une reconduction, même partielle, offrirait un répit aux entreprises exportatrices pour s’ajuster ou diversifier leurs marchés. Mais si elle est accompagnée de conditions plus strictes, elle pourrait aussi contraindre certains acteurs à se restructurer ou perdre leur statut d’exportateur privilégié.
Pour l’Amérique, maintenir l’AGOA symboliserait un engagement continu en Afrique, face à des concurrents comme la Chine ou l’Union européenne qui cherchent à renforcer leur présence sur le continent. Une prolongation pourrait aussi servir de levier diplomatique.
Une reconduction, mais pas à n’importe quel prix
La reconduction de l’AGOA ne sera pas simple. Elle nécessitera des compromis :
- accepter des critères de gouvernance renforcés ;
- faire preuve de transparence dans les chaînes d’exportation ;
- engager des réformes économiques pour éviter que l’AGOA ne reste un simple régime d’assistance.
Si l’Afrique accepte les conditions, elle pourra prétendre à un dispositif plus durable ; dans le cas contraire, le marché américain pourrait s’ouvrir à d’autres partenariats.
L’AGOA est aujourd’hui à un tournant. Elle pourrait revenir, mais transformée — comme un pont entre deux ères du libre-échange transatlantique. Pour l’Afrique, c’est une course contre la montre : reconquérir l’accès américain, mais sur la base d’un pacte renouvelé, plus exigeant.
La Rédaction