
Afrique subsaharienne : Le FMI dévoile un outil inédit pour mieux comprendre l’impact réel de la politique monétaire.
Le Fonds monétaire international (FMI) a présenté récemment un outil novateur destiné à évaluer l’efficacité de la politique monétaire en Afrique subsaharienne. Face à des économies confrontées à des crises financières mondiales, des chocs climatiques et des tensions géopolitiques, cet outil offre aux décideurs une lecture plus précise entre l’intention des banques centrales et leur impact réel sur l’économie.
Un double prisme pour analyser la politique monétaire
Traditionnellement, les banques centrales régulent l’économie par le biais du taux d’intérêt directeur. Mais ce seul indicateur ne suffit pas à mesurer l’effet réel sur la croissance, l’emploi et l’inflation. Le FMI propose désormais d’évaluer la politique monétaire à travers deux axes :
- Le taux d’intérêt neutre : le niveau du taux qui n’accélère ni ne freine l’économie.
- Les conditions financières effectives : qui intègrent la liquidité bancaire, les taux réels et la confiance des marchés.
Cette double approche permet d’appréhender si la politique monétaire est réellement alignée avec ses objectifs affichés et de détecter des écarts entre intentions et résultats.
Des effets variables selon les régimes monétaires
L’étude du FMI révèle que la transmission de la politique monétaire dépend fortement du cadre institutionnel et du régime adopté :
- Ciblage explicite de l’inflation : Afrique du Sud, Ghana, Kenya, Maurice, Ouganda. Les chocs restrictifs se traduisent par un resserrement financier marqué et durable.
- Unions monétaires avec ancrage de change : l’effet existe mais est retardé, comme dans les pays de la zone UEMOA.
- Régimes monétaires plus flexibles ou éclectiques : Mozambique, Zambie. La transmission est faible et de courte durée.
Ces différences mettent en lumière la nécessité d’adapter les outils monétaires à la spécificité de chaque pays ou union monétaire.
L’importance des cadres institutionnels et des marchés financiers
Les économies qui disposent de cadres institutionnels solides, de régimes crédibles de ciblage de l’inflation et de marchés financiers développés affichent une transmission plus robuste de la politique monétaire. Autrement dit, plus un pays renforce ses institutions et ses marchés, plus ses décisions monétaires auront un impact réel sur l’économie.
Une réponse aux chocs mondiaux
Dans un contexte marqué par la crise financière, le ralentissement de la Chine, la flambée des prix liée à la guerre en Ukraine ou encore les pandémies, les réponses des banques centrales varient selon la maturité de leurs cadres monétaires. À long terme, la consolidation de ces cadres sera essentielle pour assurer la stabilité des prix sans freiner la croissance économique.
Le nouvel outil du FMI permet aux banques centrales d’Afrique subsaharienne de lire « entre les lignes » de leur politique monétaire. En combinant analyse du taux d’intérêt neutre et conditions financières effectives, les décideurs disposent désormais d’une vision plus complète pour guider l’économie, renforcer la résilience face aux chocs et soutenir la croissance durable du continent.
La Rédaction