
Mali : L’or, moteur de croissance sous haute tension.
L’or reste le pilier de l’économie malienne, mais son exploitation soulève des questions cruciales sur la répartition des richesses, la sécurité et la durabilité environnementale. Alors que les cours mondiaux se maintiennent à des niveaux élevés, le pays tente de maximiser les retombées fiscales et de mieux encadrer un secteur où cohabitent industriels et orpailleurs artisanaux.
Revenus miniers 2025 : des recettes en forte progression
En 2024, les recettes minières versées à l’État ont bondi à 835,1 milliards FCFA, soit une hausse de 52,5 % par rapport à 2023, selon le ministère des Mines et des informations relayées par Mining.com. Cette performance survient malgré une baisse de 23 % de la production industrielle, estimée à environ 65 à 70 tonnes annuelles.
Cette dynamique s’explique principalement par le nouveau Code minier adopté en 2023, qui a renforcé la fiscalité et la participation de l’État :
- Les royalties peuvent atteindre 10,5 % selon le prix de l’or.
- L’État et les investisseurs maliens détiennent désormais jusqu’à 35 % des sociétés minières.
- Les exonérations fiscales ont été largement réduites, augmentant mécaniquement les revenus publics.
Ces réformes visent à transformer le secteur minier en véritable levier de développement, tout en réduisant les pertes fiscales constatées par le passé.
Exploitation artisanale : moteur social mais risque sécuritaire
Si l’exploitation industrielle, dominée par des groupes comme Barrick, B2Gold et Resolute Mining, génère la majorité des recettes fiscales, le pays compte plus de 200 000 orpailleurs artisanaux. Leur production annuelle, estimée entre 6 et 15 tonnes, reste essentielle pour l’emploi rural.
Cependant, l’exploitation artisanale présente de nombreux défis :
- Accidents fréquents entraînant parfois des morts, ayant conduit à la suspension de permis pour certaines sociétés étrangères (Africanews).
- Travail des enfants et pollution liée à l’utilisation du mercure.
- Difficulté de formalisation et pertes fiscales pour l’État.
Le gouvernement tente de mieux encadrer ce secteur, mais la régulation reste complexe.
Des tensions avec les investisseurs étrangers
Les mesures de redressement fiscal et la hausse des exigences locales ont entraîné des frictions avec certains opérateurs étrangers. En 2025, des négociations serrées avec des compagnies minières, assorties d’arrestations de cadres pour “irrégularités fiscales”, ont été largement médiatisées (Reuters).
Malgré ces tensions, le Mali mise sur la création d’une raffinerie nationale de 200 tonnes/an à Sénou pour capter plus de valeur ajoutée et réduire la dépendance aux exportations brutes.
Un défi : transformer l’or en développement durable
Si l’or continue de doper les recettes et de soutenir la balance commerciale, la question centrale reste la suivante : comment faire profiter cette richesse à l’ensemble de la population, tout en préservant l’environnement et en assurant la stabilité politique ?
La réussite de la réforme minière dépendra de l’équilibre entre rentabilité, souveraineté et durabilité, un défi majeur pour les prochaines années.
La Rédaction