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BRVM et jeunesse : Un défi d’inclusion financière pour l’Afrique de l’Ouest.

En Afrique de l’Ouest, la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) demeure un acteur clé pour financer l’économie, mais reste encore perçue comme l’apanage d’initiés. Pourtant, dans une région où plus de 60 % de la population a moins de 25 ans, l’intégration de la jeunesse à ce marché constitue un levier stratégique pour stimuler l’investissement productif et renforcer la souveraineté économique.


Une place boursière régionale en croissance, mais encore confidentielle

Créée en 1996 et basée à Abidjan, la BRVM dessert les huit pays de l’UEMOA. Elle a franchi en 2023 une capitalisation boursière de plus de 13 000 milliards FCFA, pour environ 46 sociétés cotées, dont des poids lourds comme Sonatel, Ecobank, Nestlé ou BOA.

Malgré ces performances, la participation des particuliers reste marginale. Le marché reste dominé par les investisseurs institutionnels et quelques porteurs de capitaux importants, loin des millions de jeunes urbains et diplômés qui pourraient y placer une partie de leur épargne.

Les raisons sont multiples :

  • Faible culture financière dans les pays de l’UEMOA,
  • Complexité perçue de l’investissement boursier,
  • Accès limité aux intermédiaires financiers (SGI) dans les villes secondaires.

Ce déficit de participation prive la jeunesse d’un outil puissant de création de valeur et de capitalisation à long terme.


La BRVM à l’offensive sur l’éducation financière

Consciente de cet écart, la BRVM multiplie les initiatives pour toucher les jeunes. Depuis 2021, elle participe activement à la Semaine mondiale de l’investisseur et à l’opération « Ring the Bell for Financial Literacy », visant à promouvoir :

  • la culture boursière,
  • la protection des investisseurs,
  • et l’inclusion financière des populations jeunes et non bancarisées.

Des programmes de formation de trois mois à Abidjan et en ligne, souvent en partenariat avec les Sociétés de Gestion et d’Intermédiation (SGI), permettent à des jeunes de découvrir :

  • l’ouverture de comptes-titres,
  • les mécanismes d’achat/vente d’actions,
  • la planification de l’investissement.

Ces actions portent leurs fruits : environ 8 600 jeunes investisseurs ont déjà été formés depuis 2015, et plusieurs SGI proposent désormais des applications mobiles pour faciliter les premiers placements boursiers.


Pourquoi la jeunesse est stratégique pour la BRVM

La jeunesse de l’UEMOA représente un réservoir d’épargne et un potentiel d’innovation considérable. Alors que la bancarisation peine à dépasser 25 %, mobiliser cette génération vers l’investissement productif permettrait :

  1. De canaliser l’épargne dormante vers des entreprises locales,
  2. De financer l’industrialisation et l’innovation,
  3. D’inclure les jeunes dans la croissance économique régionale.

En juin 2024, la BRVM a enregistré une journée record à 9 milliards FCFA échangés, illustrant la confiance croissante dans le marché. Pour que cette dynamique profite à la jeunesse, il faut une simplification de l’accès et une pédagogie continue, intégrant écoles, universités et réseaux sociaux.


Défis et perspectives

Pour transformer les jeunes en acteurs de la BRVM, plusieurs défis restent à relever :

  • Démocratiser la culture financière via les programmes scolaires et universitaires,
  • Digitaliser encore davantage l’accès pour investir depuis un smartphone,
  • Renforcer la protection des investisseurs novices contre les arnaques financières,
  • Encourager les jeunes entrepreneurs à lever des fonds via le marché boursier régional.

À terme, l’inclusion de la jeunesse pourrait devenir un moteur de résilience économique, réduisant la dépendance de l’UEMOA aux capitaux étrangers et accélérant le financement de projets à fort impact local.


La BRVM n’est plus un marché réservé aux grandes entreprises et aux investisseurs institutionnels. Dans une région où la jeunesse représente l’avenir économique, éduquer, accompagner et protéger les jeunes investisseurs est une urgence stratégique.

La prochaine étape de l’émergence ouest-africaine pourrait bien se jouer ici : dans la capacité de la BRVM à transformer des millions de jeunes épargnants en acteurs de leur propre développement économique.


La Rédaction

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