
Zone AES vs UEMOA : Quelles conséquences économiques après leur retrait du sommet de Lomé ?
Le refus des pays de l’AES (Mali, Burkina Faso et Niger) de participer au sommet de l’UEMOA tenu le 18 juillet 2025 à Lomé marque une nouvelle étape dans leur volonté d’autonomie. Si ce retrait reste symbolique à ce stade, il soulève d’importantes questions sur les conséquences économiques d’un éventuel divorce avec l’Union monétaire ouest-africaine.
Une absence qui en dit long
Lors du sommet extraordinaire de l’UEMOA à Lomé, les trois pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont brillé par leur absence. Bien qu’ils soient toujours membres à part entière de l’Union, leur refus de participer est un signal fort, dans la lignée de leur retrait de la CEDEAO en janvier dernier. Cette posture confirme leur volonté de s’émanciper des institutions régionales traditionnelles jugées peu adaptées à leurs réalités actuelles.
Une appartenance toujours en vigueur… pour combien de temps ?
L’UEMOA regroupe huit pays de la zone franc CFA, avec une politique monétaire commune pilotée par la BCEAO. Pour l’instant, le Mali, le Burkina Faso et le Niger continuent de faire partie de l’Union, ce qui signifie qu’ils utilisent toujours le franc CFA et bénéficient des mécanismes de solidarité monétaire et économique.
Cependant, leur retrait du sommet pourrait préfigurer une remise en question de cette appartenance. Et si cette rupture devenait formelle, les conséquences seraient lourdes.
Quels risques économiques en cas de sortie de l’UEMOA ?
Un éventuel retrait de l’UEMOA poserait plusieurs défis majeurs pour les pays de l’AES :
- Monnaie : sortir de la zone CFA impliquerait de créer une nouvelle monnaie nationale ou régionale, ce qui exigerait des institutions monétaires solides, une gestion rigoureuse et la confiance des citoyens comme des partenaires étrangers.
- Inflation et instabilité : une transition mal préparée pourrait provoquer une hausse des prix, une fuite des capitaux ou une déstabilisation du système bancaire.
- Crédibilité internationale : les partenaires financiers (FMI, Banque mondiale, investisseurs privés) pourraient revoir à la baisse leurs engagements dans ces pays, au nom de la prudence et de l’incertitude juridique.
- Commerce intra-régional : l’UEMOA permet aujourd’hui la libre circulation des biens et des capitaux. Une sortie créerait des barrières et des formalités douanières nouvelles qui ralentiraient les échanges.
Une autonomie économique encore en construction
Malgré ces risques, les autorités de l’AES insistent sur la nécessité d’une souveraineté économique totale. Le président burkinabè Ibrahim Traoré et ses homologues malien et nigérien évoquent souvent la création d’un marché commun sahélien, d’une monnaie indépendante, et de nouveaux partenariats internationaux (Russie, Turquie, Chine, etc.).
Mais concrètement, ces projets sont encore à un stade embryonnaire. La mise en œuvre nécessitera du temps, des compétences techniques, et une coordination renforcée entre les trois pays.
Un bras de fer aux conséquences incertaines
Le retrait du sommet de Lomé est un acte politique fort, mais aux répercussions économiques encore floues. Si l’AES venait à quitter formellement l’UEMOA, elle s’engagerait dans un processus complexe qui affecterait sa monnaie, son commerce, sa stabilité financière, et ses relations extérieures.
La question reste donc entière : cette quête d’indépendance renforcée est-elle économiquement soutenable dans l’immédiat ? Ou faudra-t-il opter pour une sortie progressive et méthodiquement préparée ?
La Rédaction