Mali : le FMI alerte sur les défis budgétaires malgré une croissance solide.

À la suite de sa mission dans le cadre de l’article IV, le Fonds monétaire international a présenté un bilan contrasté de la situation économique du Mali, marqué par une croissance soutenue mais des fragilités budgétaires à surveiller.
Une croissance maîtrisée mais fragile
Le Mali a enregistré un taux de croissance du PIB réel de 4,7 % en 2024, similaire à celui de 2023. Pour 2025, les projections du FMI tablent sur une croissance de 5 %, qui pourrait atteindre 5,4 % en 2026 si l’activité minière repart durablement.
Une réduction temporaire du déficit budgétaire
Le déficit budgétaire a été ramené à 2,6 % du PIB en 2024, soit en dessous du plafond communautaire de 3 % fixé par l’UEMOA. Cette amélioration s’explique par des recettes exceptionnelles dans les secteurs minier et télécoms, ainsi que par un contrôle accru des dépenses. Cependant, les prévisions pour 2025 indiquent un retour du déficit à 3,4 %, principalement en raison de dépenses imprévues liées à des catastrophes naturelles.
Des recommandations fortes en matière fiscale
Le FMI exhorte les autorités maliennes à renforcer les recettes fiscales, notamment en élargissant l’assiette fiscale aux secteurs peu ou pas encore formellement imposés. Il recommande également de moderniser l’administration fiscale et douanière afin d’accroître leur efficacité.
Priorité à la gestion de la dépense publique
Le rapport souligne la nécessité d’améliorer l’efficience des dépenses publiques, en privilégiant les investissements à fort impact et les filets sociaux, tout en luttant contre les dépenses inutiles. Le FMI appelle aussi à une transparence accrue dans la gestion des ressources publiques.
Réformes structurelles et climat d’investissement
Parmi les réformes recommandées, le FMI insiste sur la gouvernance des entreprises publiques, en particulier dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures. Il alerte également sur les incertitudes réglementaires qui freinent les investissements privés. Le renforcement du cadre institutionnel est jugé essentiel pour restaurer la confiance et attirer les capitaux.
Une stratégie de développement ambitieuse
Enfin, le FMI salue l’adoption de la Stratégie nationale d’émergence et de développement durable 2024–2033 ainsi que du plan “Vision 2063”, qui tracent les grandes orientations du développement économique du pays. Leur succès dépendra toutefois d’une mise en œuvre rigoureuse et d’une stabilité macroéconomique durable.
Y.Berthé