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Tensions entre l’État malien et Barrick : L’avenir de la mine de Loulo-Gounkoto en suspens.

Le bras de fer entre le gouvernement malien et le géant minier canadien Barrick Gold franchit une nouvelle étape ce jeudi. Une audience cruciale doit statuer sur le placement sous administration provisoire de la mine d’or de Loulo-Gounkoto, principale exploitation aurifère du pays, détenue à 80 % par Barrick.

Face à l’incertitude croissante, le groupe canadien a choisi de retirer le Mali de ses prévisions de production pour 2025, une décision perçue comme un signe de résignation face aux autorités maliennes. Dès février, Barrick avait déjà omis toute estimation de production pour le site dans ses résultats annuels 2024.

Activité suspendue depuis janvier

L’exploitation de Loulo-Gounkoto est à l’arrêt depuis janvier, à la suite de tensions croissantes avec l’État malien. Plusieurs employés de la compagnie ont été arrêtés, et une quantité importante d’or non exportée a été saisie par les autorités. En avril, le gouvernement a ordonné la fermeture des bureaux de Barrick dans le pays.

À travers ces actions, l’État cherche à renégocier les conventions minières, dans le cadre de la nouvelle législation minière adoptée en 2023. Si plusieurs compagnies minières ont accepté les nouvelles conditions, Barrick, elle, n’a toujours pas trouvé d’accord et a saisi une instance d’arbitrage international.

Une perte stratégique pour Barrick

Selon les analystes de Morningstar, la mine de Loulo-Gounkoto devait produire environ 250 000 onces d’or en 2025. Sa mise à l’écart représente un manque à gagner important : jusqu’à 11 % du bénéfice brut annuel du groupe, d’après les estimations du cabinet Jefferies.

Barrick espère ainsi préserver la confiance de ses investisseurs, alors que l’action de l’entreprise affiche une performance inférieure à celle de ses concurrents. En coulisses, des sources proches du dossier indiquent que même si la société récupérait la gestion du site, les réserves disponibles auraient déjà été entamées, affectant la rentabilité du projet.

Une affaire hautement politique

Pour Bamako, la nomination d’un administrateur provisoire est vue comme un moyen de relancer l’exploitation de la mine dans un cadre maîtrisé par l’État. Mais pour Barrick, cette démarche constitue une “interférence sans précédent et sans base légale”, qu’elle qualifie de nouvelle escalade de la part des autorités dirigées par le président Assimi Goïta.

Le silence reste de mise du côté du ministère malien des Mines, comme de la direction de Barrick, qui n’ont pas encore commenté la situation.

Y.Berthé

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