Burkina Faso : Une levée de 55 milliards FCFA sur le marché UMOA-Titres confirme la confiance des investisseurs.
Dans un contexte économique régional encore marqué par des besoins de financement importants pour les États de l’Union monétaire ouest-africaine (UEMOA), le Burkina Faso vient de réussir une opération de mobilisation de titres publics qui dépasse ses objectifs initiaux, envoyant un signal fort aux marchés.
Le 17 décembre 2025, l’État burkinabè, par l’entremise de l’agence UMOA-Titres, a procédé à une adjudication de bons et d’obligations assimilables du Trésor sur le marché financier régional. L’opération visait initialement à lever 50 milliards de francs CFA, mais les souscriptions des investisseurs ont permis de lever 54,999 milliards FCFA, soit pratiquement 55 milliards.
Une opération au-delà des attentes
Sur le papier, l’objectif de mobilisation avait été fixé à 50 milliards FCFA. Mais l’intérêt manifesté par les investisseurs a été nettement plus élevé, avec un taux de souscription de près de 150 %. Sur les 74,931 milliards FCFA de demandes reçues, l’État burkinabè a retenu 73,40 % des offres, ce qui traduit une forte appétence pour les titres publics burkinabè dans la zone UEMOA.
L’opération a porté sur quatre tranches d’instruments :
- des bons du Trésor à 364 jours pour plus de 12,7 milliards FCFA levés ;
- des obligations à 3 ans pour près de 5,7 milliards FCFA ;
- des obligations à 5 ans pour plus de 14,6 milliards FCFA ;
- des obligations à 7 ans, représentant la plus grande part (près de 21,9 milliards FCFA).
Les rendements offerts étaient jugés attractifs dans le contexte régional, avec des taux oscillant autour de 7,00 % à 7,43 % pour les bons à court terme et jusqu’à environ 7,06 % pour les maturités longues.
Participation dominante des investisseurs burkinabè
L’analyse des souscripteurs montre que les acteurs financiers burkinabè ont été particulièrement actifs, absorbant la quasi-totalité des titres retenus. Les investisseurs de pays voisins notamment du Bénin, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal ont également contribué à l’opération, mais c’est l’épargne locale qui a tiré la majorité de la levée de fonds.
Cette dynamique confirme une tendance visible depuis plusieurs adjudications : les investisseurs nationaux et régionaux continuent de faire confiance aux instruments de dette publique burkinabè, malgré un environnement macroéconomique parfois contraignant. Cette confiance n’est pas isolée ; par exemple, lors d’adjudications précédentes en 2025, le Burkina avait déjà mobilisé des volumes significatifs sur le marché UEMOA, avec des taux de couverture souvent supérieurs à 100 %.
Le marché UMOA-Titres, un baromètre de confiance pour les États
Le marché des titres publics de l’UEMOA est une plateforme régionale où les États membres, notamment le Burkina Faso, le Sénégal, le Bénin ou encore la Côte d’Ivoire, émettent des bons et obligations pour financer leurs besoins budgétaires. Ces opérations constituent un indicateur important de la confiance des investisseurs : quand les souscriptions dépassent largement le montant proposé, cela signifie que les investisseurs jugent les États émetteurs capables d’honorer leurs engagements financiers à terme.
Dans le cas du Burkina Faso, la sursouscription de l’émission du 17 décembre suggère non seulement un intérêt pour les titres publics burkinabè, mais aussi une solide perception de la signature souveraine du pays au sein de l’espace monétaire.
Un soutien indispensable à la gestion budgétaire
Pour un pays en croissance, souvent confronté à des contraintes budgétaires et à des pressions sur les ressources, ces levées de fonds via UMOA-Titres représentent un outil de financement crucial. Elles permettent de couvrir des besoins de trésorerie sans recourir exclusivement à l’endettement extérieur ou aux financements à coût élevé.
Dans un environnement où les nations de l’Union monétaire cherchent à mobiliser des ressources internes pour soutenir leurs politiques publiques, une opération réussie comme celle du Burkina Faso en décembre 2025 est une preuve tangible d’une relation constructive avec les acteurs financiers régionaux.
Ce que cela dit de l’avenir
Si 55 milliards FCFA n’effacent pas à eux seuls les défis économiques du Burkina Faso : budget à équilibrer, investissements à financer, déficit à maîtriser, ils reflètent une confiance persistante dans la capacité de l’État à mobiliser des capitaux régionaux. Et, dans un contexte où chaque point de pourcentage de coût de financement compte, une telle réussite est loin d’être anodine.
À la croisée des marchés financiers et des stratégies de développement, cette opération montre que même dans un environnement difficile, la gestion active de la dette peut ouvrir des espaces de confiance et de coopération. Le vrai défi pour Ouagadougou sera de transformer cette confiance en croissance durable et en résultats palpables pour les citoyens.
La Rédaction


