Mali : Une levée de 32,999 milliards FCFA qui confirme l’appétit des investisseurs régionaux.
L’État du Mali a de nouveau réussi son passage sur le marché financier régional de l’UEMOA. Lors de l’adjudication de Bons et Obligations du Trésor organisée le mercredi 10 décembre 2025 par UMOA-Titres, le Trésor public a mobilisé 32,999 milliards FCFA, dépassant largement son objectif initial. Un signal encourageant dans un environnement économique où la confiance des investisseurs est devenue un capital aussi précieux que rare.
Une opération qui dépasse les attentes
Selon les résultats publiés par UMOA-Titre, le Mali avait fixé un objectif de 30 milliards FCFA pour cette émission combinant :
- un Bon du Trésor de 364 jours,
- une Obligation du Trésor de 3 ans,
- une Obligation du Trésor de 5 ans.
Face à cette offre, les investisseurs ont répondu massivement : 42,702 milliards FCFA de soumissions ont été enregistrés, soit un taux de couverture de 142,34 %. Un niveau qui témoigne d’un réel appétit pour la dette malienne, malgré un contexte régional marqué par des tensions politiques, des incertitudes économiques et une inflation qui met à rude épreuve les finances publiques.
Le Trésor a retenu 32,999 milliards FCFA, consolidant ainsi sa stratégie de financement sur le marché régional.
Les raisons d’un engouement persistant
Si le Mali parvient encore à attirer les investisseurs, ce n’est pas le fruit du hasard. Plusieurs facteurs expliquent cet intérêt :
Des rendements attractifs
Le marché régional de la dette publique offre aujourd’hui des taux jugés compétitifs par les investisseurs institutionnels : banques, assurances, fonds. Les maturités proposées (courtes et moyennes) permettent une gestion fine du risque.
Un historique de remboursement maîtrisé
Malgré les défis sécuritaires et politiques, le Mali affiche un historique de paiement relativement stable sur les marchés de l’UEMOA. Dans la finance, la réputation fait loi et pour l’instant, celle du Trésor malien tient bon.
Une forte demande structurelle dans l’UEMOA
Les acteurs financiers de l’Union cherchent des titres sûrs et liquides. Les émissions souveraines restent donc une destination privilégiée pour placer leur épargne.
Une stratégie de financement soutenue tout au long de 2025
Cette levée n’est pas isolée : le Mali a multiplié les opérations sur le marché régional au fil de l’année. En août comme en octobre, des adjudications similaires avaient déjà permis au pays de mobiliser plusieurs dizaines de milliards FCFA.
Cette dynamique illustre une évidence : le marché régional reste l’oxygène financier du Trésor. La capacité du Mali à maintenir cette relation de confiance est donc un enjeu majeur pour sa stabilité budgétaire.
Un succès… mais pas un répit
Attention toutefois : une levée bien réussie ne signifie pas que le chemin est dénué de contraintes.
- La dette publique continue de croître, nécessitant une gestion plus fine.
- Les besoins de financement à court terme augmentent, poussant l’État à multiplier les emprunts.
- Les conditions de refinancement pourraient devenir plus strictes si la perception du risque évolue.
L’enjeu pour Bamako sera désormais d’utiliser ces ressources de manière productive : infrastructures, secteurs sociaux, consolidation budgétaire. Les investisseurs, eux, observent et jugent à chaque émission.
Une chose est sûre : en raflant 32,999 milliards FCFA, le Mali prouve qu’il peut toujours convaincre. Reste à transformer cette confiance en croissance réelle. Sur les marchés comme dans la vie, emprunter est une chose, rendre utile l’argent emprunté en est une autre. Et c’est là que le vrai match commence.
La Rédaction


