Mali : La cybersécurité redevient une priorité nationale, la nouvelle stratégie 2026-2030 adoptée.
Le Mali a franchi une étape décisive dans sa trajectoire numérique. Le mercredi 3 décembre 2025, le gouvernement a officiellement adopté en Conseil des ministres la Stratégie nationale de cybersécurité 2026‑2030, accompagnée de son plan d’action. Un cadre global destiné à garantir la protection des systèmes d’information, à sécuriser les données des citoyens et à structurer la résilience numérique de l’État. C’est en quelque sorte le nouveau bouclier du Mali face aux cybermenaces.
Pourquoi une stratégie nationale maintenant ?
Ces dernières années, le Mali, comme nombre de pays africains, a vu la montée d’attaques informatiques, de fraudes numériques et la vulnérabilité de ses infrastructures digitales. Jusqu’ici, la gestion de la sécurité informatique était fragmentée : chaque administration agissait de son côté, sans coordination nationale.
Or, face à la numérisation accélérée de l’administration, des services publics, des échanges économiques et de la vie sociale, le besoin d’un cadre unifié s’est imposé. Plusieurs acteurs alertaient sur l’absence de vision unifiée, le manque de mécanismes de gouvernance et l’insuffisance de la sensibilisation à la cybersécurité.
La nouvelle stratégie doit donc combler ce vide : réunir les efforts, harmoniser les standards, protéger les citoyens et bâtir un écosystème sécurisé autour du numérique.
Ce que dit la stratégie 2026-2030 : trois axes pour un Mali protégé
Le document adopté repose sur trois axes stratégiques majeurs :
- Amélioration de la gouvernance de la cybersécurité : mettre en place une organisation centralisée, des règles claires, des responsabilités définies pour l’État, les institutions, les entreprises et les citoyens.
- Renforcement de la culture et de la sensibilisation : former, informatiser, éduquer pour que la cybersécurité ne soit pas l’affaire d’experts, mais de tous. L’idée est d’instaurer de bonnes pratiques, de prévenir les risques et de sensibiliser à l’usage sûr du numérique.
- Protection contre les risques numériques : sécuriser les systèmes, les réseaux, les données, les infrastructures critiques, garantir l’intégrité et la confidentialité des services publics et privés, des transactions, des échanges d’information.
Selon le gouvernement, la stratégie s’inscrit dans les priorités de la Transition : digitalisation de l’administration, modernisation de l’État et alignement sur le projet national de développement à long terme.
Ce que cela peut changer — des promesses concrètes pour l’État et les citoyens
La mise en œuvre de cette stratégie pourrait avoir des effets profonds :
- Un cadre cohérent et coordonné : administrations, entreprises, citoyens évolueront selon des règles partagées, ce qui limite les failles, réduit les risques et augmente la fiabilité des services numériques.
- Une meilleure protection des données, de la vie privée, des transactions en ligne est essentielle à l’ère du mobile banking, de l’e-commerce, des e-administrations.
- Une stabilité accrue pour les services publics : quand les institutions sont sécurisées, c’est l’État tout entier qui gagne en résilience face aux cyberattaques, fraudes, sabotage ou espionnage.
- Une prise de conscience nationale : sensibilisation des populations, formation des agents publics, implication de tous les acteurs pour une sécurité partagée, collective.
Mais attention – la stratégie sera convaincante si…
Adopter une stratégie, c’est bien. La mettre en œuvre, c’est un autre défi. Plusieurs obstacles pourraient nuire à son efficacité :
- Ressources humaines et techniques : il faut des experts, des moyens, des infrastructures sécurisées, une formation continue, un chantier qui demande de l’investissement.
- Coordination réelle entre institutions : écrire un plan, c’est une chose ; le faire vivre, le faire respecter en est une autre. Il faudra une vraie volonté politique et une gestion rigoureuse.
- Éducation et adoption sociale : sensibiliser les citoyens, les entreprises, les administrations n’est pas automatique. Il faudra du temps, de la pédagogie, de la constance.
- Transparence et suivi : pour que la confiance grandisse, les résultats doivent être visibles : rapports publics, audits, communication régulière.
Ce que ce moment marque — un nouveau chapitre numérique pour le Mali
Avec cette adoption, le Mali envoie un signal clair : le numérique n’est plus un luxe, c’est un pilier de l’État. Et comme tout pilier, il mérite une base solide, sécurisée, coordonnée.
Entre ambition et nécessité, cette stratégie peut constituer le socle d’une transformation profonde d’un État plus moderne, d’un citoyen plus protégé, d’une économie plus stable. Mais le succès dépendra de l’engagement de tous : gouvernement, secteur privé, société civile, populations.
C’est une page qui se tourne. Mais l’histoire dépendra des actes.
La Rédaction



