Côte d’Ivoire : Une garantie de la BAD ouvre la voie à 374 milliards FCFA pour des projets sociaux et verts.
La Côte d’Ivoire vient de franchir une nouvelle étape dans sa stratégie de financement du développement. Grâce à une nouvelle garantie partielle de crédit accordée par la Banque africaine de développement (BAD), le pays se retrouve en position de mobiliser jusqu’à 374 milliards FCFA pour accélérer des projets à forte portée sociale et environnementale. Une opération financière sophistiquée, mais surtout un outil politique : celui de prouver que le pays peut attirer des capitaux tout en visant un impact tangible pour ses populations.
Une garantie, clé d’un financement massif
En juin 2025, le Conseil d’administration de la BAD a approuvé une nouvelle garantie partielle de crédit, destinée à sécuriser les levées de fonds du gouvernement ivoirien. L’objectif : permettre au pays de mobiliser des ressources longues auprès de banques commerciales ou directement sur les marchés.
Cette garantie ne tombe pas du ciel. Elle s’inscrit dans la continuité d’un premier mécanisme similaire, dont les résultats ont encouragé Abidjan à revenir frapper à la porte de l’institution panafricaine. Cette fois, la portée est plus ambitieuse : les financements potentiels associés atteignent 374 milliards FCFA, un niveau rarement observé pour ce type de produit financier dans la région.
Des secteurs prioritaires dans le viseur
Derrière les chiffres, une intention claire : cibler des projets “à fort impact social et environnemental”.
Selon les documents publics de la BAD et les communications relayées par la presse ivoirienne, les financements devraient prioriser :
• Le logement abordable
Un secteur en crise dans les grandes villes ivoiriennes, où la demande explose et les loyers suivent. Les fonds visent à stimuler l’offre et soutenir les programmes publics.
• L’énergie renouvelable
Poursuivre l’ambition d’un mix énergétique plus vert, alors que la consommation électrique grimpe et que le pays veut s’affirmer comme un hub énergétique régional.
• L’eau et l’assainissement
Une urgence nationale, en particulier dans les zones périurbaines, où les infrastructures sont sous tension.
• L’inclusion financière et les services sociaux
Renforcer l’accès au crédit, réduire la vulnérabilité des ménages et appuyer des projets à portée communautaire.
Bref, des chantiers indispensables pour absorber la croissance démographique et maintenir le progrès social.
Un levier pour réduire le coût de la dette
La garantie n’est pas qu’un geste symbolique. Elle permet à la Côte d’Ivoire d’obtenir des financements à de meilleures conditions, avec moins de risques et des maturités plus longues. Pour un pays engagé dans des investissements massifs, cela représente une bouffée d’oxygène budgétaire.
L’intérêt pour les bailleurs est aussi clair : la présence de la BAD rassure, réduit le risque et permet aux prêteurs d’injecter des capitaux sans craindre les turbulences politiques ou économiques.
Des zones d’ombre à surveiller
Mais attention à ne pas vendre trop vite la peau de l’ours.
Pas encore un financement “versé”
La garantie ouvre la possibilité de mobiliser 374 milliards FCFA, mais le décaissement réel dépendra de la capacité du gouvernement à monter, exécuter et sécuriser les projets.
Manque de détail sur les projets finaux
Ni les montants par secteur ni les calendriers précis n’ont encore été dévoilés publiquement. L’efficacité dépendra donc de la gouvernance et de la rapidité d’exécution.
L’éternelle question de la transparence
Sans suivi et sans publication des résultats, les populations risquent de ne jamais voir l’impact concret derrière les chiffres.
Un signal fort… mais le vrai travail commence
En verrouillant ce mécanisme de garantie, la Côte d’Ivoire envoie un message clair : le pays veut rester attractif, crédible et orienté vers un développement durable. Sur le papier, l’opération est une réussite.
Mais comme souvent dans le financement du développement, la victoire ne sera totale que si les projets sortent de terre, si les ménages voient leur quotidien changer, si les écoles, logements, centrales solaires et réseaux d’eau promis deviennent réalité.
Pour l’instant, le pays vient d’obtenir la clé. Reste à ouvrir les portes.
La Rédaction



