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En 2024, la Côte d’Ivoire a enregistré un excédent commercial record de 2 018 milliards FCFA, une situation inhabituelle en dix ans.

La Côte d’Ivoire a signé en 2024 la meilleure performance commerciale de sa dernière décennie : un excédent de 2 018 milliards FCFA, une prouesse portée par un bond des exportations et une maîtrise relative des importations. Un résultat qui tombe dans un contexte où les économies africaines naviguent entre instabilité mondiale et pressions internes. Autant dire qu’Abidjan n’a pas raté le coche.


Un commerce extérieur dopé par les exportations

Les chiffres officiels sont sans ambiguïté.
En 2024, les exportations ivoiriennes ont progressé pour atteindre 12 354 milliards FCFA, en hausse de près de 13 % par rapport à 2023. Les importations, elles, se sont établies à 10 336 milliards FCFA. Résultat : un solde largement positif, et surtout le plus élevé enregistré depuis 2014.

Le taux de couverture s’élève ainsi à 119,5 %. Autrement dit, les exportations ont largement financé les importations sur l’année, un signe de respiration économique rare sur le continent en 2024.


Or, caoutchouc, pétrole raffiné : les moteurs du “super-excédent”

Derrière ce record se cache un panier exportateur de plus en plus diversifié.

  • L’or brut a vu sa valeur bondir ces dernières années, profitant à la fois de la production locale et des cours internationaux.
  • Le caoutchouc naturel a poursuivi sa montée, soutenu par la modernisation de la filière.
  • Les produits pétroliers raffinés (hors brut) ont également contribué significativement.

Cet ensemble offre à la Côte d’Ivoire un avantage stratégique : elle n’est plus suspendue exclusivement aux fluctuations du cacao, même si ce dernier reste une colonne vertébrale.


Mais une économie encore prisonnière de la matière première

Il ne faut pas se laisser griser par les chiffres.
Car derrière l’excédent record, une réalité persiste : plus de 70 % des exportations ivoiriennes restent des produits bruts. Autrement dit, la valeur ajoutée majeure est encore captée hors du pays dans les usines étrangères, pas dans les zones industrielles locales.

Ce paradoxe rappelle que l’excédent commercial, aussi impressionnant soit-il, n’est pas encore synonyme de transformation structurelle de l’économie.


Un record… et maintenant ?

Si Abidjan veut transformer cette performance en accélérateur de développement, trois chantiers seront incontournables :

  1. Industrialiser davantage, pour transformer localement cacao, caoutchouc et minerais.
  2. Saisir la fenêtre d’opportunité offerte par la diversification actuelle.
  3. Renforcer les chaînes de valeur locales afin que l’excédent commercial se traduise en emplois et en revenus internes.

La Côte d’Ivoire signe un record, oui. Mais un record n’est pas une victoire, c’est un point de départ.
Ce surplus de 2 018 milliards FCFA peut être un tremplin ou… un souvenir comptable.
Tout dépendra maintenant de la capacité du pays à transformer ce coup d’éclat commercial en véritable bascule industrielle.

La Rédaction

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